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J’ai accompagné une jeune femme ukrainienne et sa mère dans le dédale des rues de Montparnasse jusqu’à la gare où un train l’attendait pour Poitiers. Elle me raconte en anglais comment dès février le village qu’elle habitait proche de la frontière russe a été bombardé. Les vitres qui volaient en éclat, soudainement. Elle me dit : C’était inimaginable, et maintenant je sais que ça peut arriver à tout moment. Elle a trouvé refuge en France avec sa mère et son fils de un an, et loue un petit appartement à Poitiers. Elle parle vite, me raconte pleine de choses et nous cavalons dans les rues au rythme de nos paroles dans un anglais peu habile mais suffisant pour nous comprendre. Sa mère nous suit derrière, une toute petite femme timide. Parfois, je ralentis pour que sa mère puisse suivre la cadence des mots et des pas. Nous continuons à parler de l’horreur de la guerre, et, pour apporter un peu de sourire, de la laideur de la tour Montparnasse qui se profile devant nous. Je les quitte...