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Affichage des articles du septembre, 2020

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  Writer’s life (148) Le motif permanent - depuis… outch, belle lurette, de ma silhouette arpentant de nuit les rues de Paris et me cognant (bon, c’est + un frôlement) à d’autres silhouettes surmontées d’un visage, tendues sur la pointe d’un sourire.  L’ambiance de couvre-feu à Odéon dès la fermeture des bars à 22 heures. Des jeunes gens qui n’ont pas envie de rentrer si tôt, qui errent. Enfin, ils n’errent pas réellement. Ce sont des jeunes gens du sixième, quoi.  Lors du débat à Livres en vignes sur la littérature jeunesse avec Marie-Lorna j’ai dit que j’écrivais pour les enfants qui ne sont pas des enfants comme les autres. Qui ont l’âge d’une sensibilité sans âge, en quelque sorte. Hé bien je pourrais ajouter que comme presqu’aucun enfant ne se sent un enfant comme un autre (dans cette expérience sur la terre), il se peut qu’au bout du compte j’écrive pour tous les enfants.  Maude m’a dit : « Ce qui est fort avec tes « writer’s life » c’est qu’à la fois tu dis des choses très préci

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  Writerslife (147) Il y a plusieurs semaines j’ai été interviewé par une personne qui n’avait pas lu le livre pour lequel j’avais été sollicité (les surprises arrivent, quand elles se répètent un peu, le goût de la surprise disparaît), et ce qui m’a gêné durant l’entretien (fort pénible pour moi et qui a duré un bon bout de temps) c’est cette forme d’arrogance de croire que « sa personnalité », « l’angle si personnel et original, intime etc.» de son approche va suffire à faire le show. Je veux dire, pas tant que cette personne pense que sa personnalité peut remplir l’espace et embarquer son invité où elle le souhaite (pourquoi pas, l’auteur n’est qu’un passager dans la succession de personnes qu’elle reçoit), mais qu’elle estime qu’elle n’a pas besoin de lire le texte, que sa personnalité peut supplanter le texte, le remplacer, en faire abstraction. Qu’un quatrième de couverture suffit… Et bien sûr, il y aura toujours des personnes pour louer son talent, la manière exceptionnelle dont

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  Writerslife (146) Je suis toujours surpris en constatant à quel point la notoriété rend des personnes au départ réservées et sympathiques absolument péremptoires et dogmatiques.  Une lectrice me dit à propos des Beatles : « On pourrait passer des nuits à parler d’une seule de leurs chansons. » J’apprends d’un bloc, j’oublie d’un trait, je retrouve un peu (dès que je peux toucher à un piano) Interview pour une journaliste d’Autoroute FM, à la question : Votre plus beau souvenir de voyage en voiture, je parle des dimanches soirs de la petite enfance, au retour d’un week-end à la campagne où je m’endormais sur la banquette arrière et, une fois arrivé à la Garenne-Colombes, ma mère me soulevait dans ses bras pour me conduire directement jusqu’à mon lit sans que j’aie à subir les désagréments de la transition.  Dans la nuit j’ai aimé le moment où avec Erwan nous sommes allés délivrer Maude et ses bottes rouges.  Après ma lecture musicale à Livres en vignes, une

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  Writerslife (145) Je réécris de fond en comble le roman qui m’occupe depuis plusieurs mois, une troisième version pour bientôt, trente pages en deux jours dans une fièvre intense et que rien n’atténue, un bon rythme.  Après les premiers mois de l’année, la sécheresse et le coup de massue du confinement, toutes les promesses du printemps envolées, je reçois en ce mois de septembre de bonnes nouvelles, des projets concrets à venir ( ce qui change des dates et des déplacements qui continuent malheureusement à s’annuler pour la plupart). Chaque fois que je reçois une mauvaise nouvelle, je pense que je n’y ai pas droit. Chaque fois que je reçois une bonne nouvelle, j’agis comme si je n’y avais pas droit.  Ce que je mets de moi dans un roman : tout en totalité + les yeux de qui me plait + le désir irrépressible + un peu d’humour salutaire. Vendredi dernier à Nancy lors de la rencontre au lycée Claude Dunot, une étudiante me fait remarquer la poésie des titres de chap

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  Writerslife (144) Parfois, je me sens à l’étroit dans ce que je voudrais faire. Mais ce sentiment est souvent le signal pour de nouveaux chantiers d’écriture.  La mauvaise habitude gardée du confinement est l’impossibilité certains jours (renouvelables aux suivants) de répondre à mon courrier, je suis tenté de le faire, mais tellement pris par l’écriture d’un texte que la moindre réponse est vécue comme quelque chose qui me prend beaucoup d’énergie, qui me sort du texte en cours, alors je laisse le courrier s’entasser avec un sentiment de culpabilité : notamment pas mal de très jolies lettres au sujet de « J’aurais voulu être un Beatles » Lu dans une interview du peintre Lucian Freud : « Mes sujets avaient toujours trait à ma vie, qui je voyais, à qui je pensais. Je n’aurais jamais eu l’idée de peindre quelqu’un qui ne m’intéressait pas. » Je pense que j’agis pareil, comme un peintre. Du moins je me reconnais parfaitement dans cette vision de créer. Pour les roman

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  Writer’s life (143) J’ai adoré la pluie normande de ce matin. La pluie est fantastique pour ne pas se laisser happer par autre chose que ce qui est au fond de soi.  L’article dégueulasse de ce journaliste tv dans Télérama qui traite Abnousse de sympathisante d’extrême droite car elle a écrit : « Le nouvel antiracisme est un racisme déguisé en humanisme » ; c’est vraiment abjecte de s’en prendre à Abnousse qui est toujours juste, d’une grande intelligence, et absolument courageuse. Nous sommes vraiment dans une société de l’indécence. Les gens ne se rendent même plus compte à quel point ils sont immondes parce qu’ils trouvent toujours des supporters. La grande gueule de l’indécence, voilà ce qui est promu et encouragé de nos jours. Le propre du crétin est de se croire courageux à partir du moment où il reçoit des encouragements. Je suis finalement très heureux qu’un journal comme Télérama ait toujours snobé mon travail, fait comme s’il n’existait/je n’existais pas