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Affichage des articles du août, 2019

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Writer’s life (50) Remède à tous ces déplacements, ces traversées, ces émotions en dents de signes (littérature oblige) pour l’apparition de La petite sonneuse de cloches en librairie : du thé Pu-erh bien infusé, quand il est bien noir, proche du café. Keith Richards sur la musique dans les années 60 : «It was a business where the only time people laughed was when they’d screwed someone else over. » Au Caf Ferret, une lectrice qui, en se faisant dédicacer un exemplaire de mon nouveau roman, me regarde dans les yeux et me dit : « Je vais vous porter chance. J’ai toujours eu beaucoup de chance et je vais vous en donner ». J’ai dit que je penserai à elle dans ces périlleuses prochaines semaines.. À Chanceaux hier, une fille qui fait le tour des écrivains et leur délivre sa bonne parole (en astrologie). Elle demande la date de naissance et commence son topo (elle a fait le coup aussi à Loulou et Erwan). Me concernant, elle commence par me dire que j’aime le relationnel et la tribu. Olà, fa

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Writer’s life (49) Au bord des plages, comme il y a vraiment peu d’endroit où s’abriter on voit comment les gens se parlent/se traitent entre eux. Le spectacle du coucher de soleil à dû être inventé pour détourner l’attention de subir et de comprendre comment certaines personnes se parlent entre elles. Je regarde une interview de Leiji Matsumoto qui raconte qu’au début de sa carrière s’il a dessiné des filles à cheveux longs c’est parce que la longueur et le volume lui permettaient de dissimuler la nudité choquante à l’époque, les seins, le sexe, sans rien céder en émotion. Botticelli avait peut-être la même problématechnique. La petite sonneuse de cloches paraît dans deux jours. Hâte de voir ce que les premiers lecteurs vont retenir/éprouver. S’ils vont me parler de mes scènes préférées. Il y en a une qui particulièrement me constitue et fait refuge. Un peu comme la scène de la piscine souterraine dans Les jonquilles de Green Park. Une scène qui appelle mon désir de littérature, et qu

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Writer’s life (48) Premier échange (plutôt marrant) avec une lectrice qui s’est procurée La Petite Sonneuse De Cloches avant tout le monde grâce à un ami libraire : - Je l’ai lu ! - Oh super ! Merci ! - Vous faites des phrases longues ! - Ah ? - Et parfois des courtes aussi. - Ah oui, c’est un savant dosage ! - Mon écrivain préféré est Virginia Woolf. - Qui faisait aussi des phrases longues… - Certes. Ma fille a été ravie d’apprendre qu’elle fait partie d’une secte sybarite, altière et mystérieuse. - Son prénom se termine par A ? - C’est ça. J’aime aussi beaucoup votre phrase sur l’amour qui doit être le compromis idéal entre la redondance et le rebondissement. - Ah. - Il y a beaucoup de phrases comme ça dans votre livre, sur lesquelles on s’arrête, mais celle-là particulièrement j’ai beaucoup aimé. - Ah. - Après je me suis demandé : la redondance et le rebondissement. Qu’est-ce que vous avez voulu dire par là ? - Vous avez beaucoup aimé cette phrase ? - Oui. - Et bien voilà, c’est ce

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Writer’s life (47) L’épaule nue de cette fille m’a rendu triste. L’autre nuit, rêve merveilleux qui me replongeait au lycée Notre Dame de Verneuil avec X, dans le même genre de rapports que j’entretiens avec elle aujourd’hui. Comme si je l’avais prise par la main pour la conduire dans un décor et le contexte de mon adolescence, sans abîmer ou m’affranchir de la réalité d’aujourd’hui. J’ai dû abréger ce rêve à regret pour aller prendre le petit-déjeuner avec Léa et au final Léa n’était pas au petit-déjeuner. L’autre jour, parmi une ribambelle d’auteurs en dédicace. Je signe à côté de Juliette et se tient à côté d’elle, donc à deux places de moi, un auteur qui avait l’air franchement sympathique jusqu’à ce qu’il intervienne pour donner un conseil à Juliette (bon, j’imagine qu’il cherchait à l’aborder d’une manière ou d’une autre). Il lui dit : « Je peux te donner un conseil ? » et sans lui laisser le temps de répondre, il attrape un des livres qui étaient devant elle et le pose à la vert

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Writer’s life (46) Quand on revient à Paris après un petit bout de temps, deux certitudes : Ça pue. Ça craint. (Dans cet ordre) Je relis au hasard des pages un peu des 37, étoiles filantes qui viennent de sortir aujourd’hui chez Pocket. J’avais oublié le passage où j’ai inventé qu’Alberto s’énerve sur son frère quand il lui dit comment s’y prendre pour embrasser les filles. Ma chute avec « échapper à cette horreur qui procure du plaisir », c’est pas mal. Et mine de rien ça recadre avec le thème de la bonne distance qui est un des motifs principaux du roman (il n’y a que dans l’amour n’est-ce pas qu’il nous est permis de trouver la bonne distance avec l’autre..et encore...) et qui est une des obsessions de Giacometti. Je vais me préparer à une nouvelle rentrée littéraire, qu’est-ce qui m’attend cette fois ? L’année dernière, pas mal de péripéties comme cette table ronde à Morges où un auteur et un modérateur (copains de fac il parait) s’allient façon traquenard pour s’attaquer à mon liv

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Writer’s life (45) Vu le merveilleux film doc vrai-faux-vrai de Scorcese sur la tournée de Dylan : Rolling Thunder. Autant je trouve son doc sur George Harrison un peu scolaire, là c’est terriblement envoûtant. Après, j’adore les chansons de cette période ou un peu avant comme : Simple twist of fate. À chaque fois qu’une fille traverse l’écran on a envie de tomber raide dingue : Scarlet Rivera, Patti Smith, Joni Mitchell. J’adore la conversation de Dylan et Joan Baez sur le mariage, si beau, et la version chambre d’hôtel de « Coyote » la chanson de Joni Mitchell, quasi à sa création. Ça me fait penser qu’il faut rechercher dans la vie les personnes qui nous font battre le coeur, dont on peut tomber raide amoureux même si ce sont des amours impossibles, secrets, ou qui n’auront jamais de souffle ensemble. La qualité de regards entre Scarlet Rivera et Dylan sur scène, c’est tellement beau. Bon après, il est très probable qu’ils aient eu une aventure, aussi. Toute la semaine prochaine enc

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Writer’s life (44) Je termine le livre sur les Beatles. Je rends le texte def d’ici 10 jours. Aujourd’hui, après le texte sur George Harrison, j’ai écrit un texte sur ma mère qui se prénommait Michelle (comme la chanson de Paul, dans Rubber soul). Au fur et à mesure que j’écrivais je voyais se profiler la chute du texte et je me disais : « Ça y est, je vais finir en larmes », et c’est ce qui n’a pas manqué de se produire. J’étais à un dîner l’autre soir et ça s’est mal passé. Il y avait une fille plutôt intéressante et jolie (c’est comme ça) et son mec était présent (il faisait même en sorte d’être plus que présent, de la même manière qu’il y a un plus que parfait) et je n’ai rien compris à ce qu’il faisait dans la vie sauf qu’en ce moment son truc est d’acheter des appartements pour les mettre en Airbnb. Ça s’est mal passé parce qu’il s’attendait à ce que j’approuve ce bon et juteux business, et alors j’ai dit que j’habitais Deauville et que là-bas il y avait plein de mecs comme lui q

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Writer’s life (43) Je travaille comme un forcené à la réédition de mon livre sur Les Beatles prévue pour février prochain. J’ajoute plusieurs textes et clos le livre par quatre nouvelles consacrées à chacun des Beatles. J’ai écrit la nouvelle sur Paul hier, celle sur John aujourd’hui, demain George et mardi Ringo, avant de rejoindre les nocturnes littéraires pour trois jours de dédicaces dans le sud. J’aurais ensuite une courte semaine pour peaufiner l’ensemble avant d’enchaîner sur la sortie et la tournée de La petite sonneuse de cloches. Je me suis bien amusé sur la nouvelle concernant John, en pleine dispute conjugale avec sa première femme, j’essaie de lui donner le maximum de punchlines. Un peu comme je l’ai fait avec Alberto dans 37. Ce matin, j’ai trouvé un truc marrant. Il balance à Cynthia : « Je préfère une femme mariée qui a des aventures à une femme libre qui a des hésitations ». Ça me fait marrer. Et puis, bien sûr, je lie au maximum avec la petite sonneuse et mes autres p

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Writer’s life (42) Rien qui me déprime plus que les couples dans les soirées, ou alors, si, peut-être, une chose : les couples en vacances. À Carnac, une lectrice adorable me dit : « Découvrir vos livres a été comme ouvrir une boîte de chocolats. » Message réconfortant de Sarah à propos de La petite sonneuse qu’elle a lu en avant première la semaine dernière : « C’est un roman audacieux et rassurant. Terriblement moderne. Et tes petites pensées semées comme les cailloux du Petit Poucet sont à relire encore et encore. » Avec Marie et Pierre, nous lisons les 81 recettes de George Perec pour constater qu’il ne s’intéressait qu’à la sole, au lapin, et au ris de veau. Ça me fait penser que j’avais écrit un poème pour une jolie blonde prénommée Dora, serveuse au Coolin, ce pub irlandais sous les arcades du Marché Saint-Germain qui a été remplacé par un Uniqlo. Il faudrait faire un livre à la Perec de tous les lieux où ont été écrits des poèmes, et qui ont été remplacés sans sommation par des