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Writer's life (263)

Je m’apprête à envoyer mon roman à plusieurs éditrices/éditeurs. Dans l’attente de réponses, et, dans l’idéal, de faire un choix judicieux, rien de mieux, pour survivre à l’attente d’un idéal, que de commencer l’écriture d’un autre roman. Je me surprends d’ailleurs à accumuler du matériel, c’est-à-dire pour l’instant : des phrases. Premières brindilles. 

Cette semaine j’ai lu Eloge de l’ombre de Junichiro Tanizaki, et Etat des lieux de Déborah Lévy.  Dans Etat des lieux, il y a cette phrase qui m’a fait penser au roman de Loulou (loup/loup) : "Peut-être que toute la question de l’écriture, c’est le loup". 

J’ai discuté l’autre soir avec Hubert de Maximy qui m'a déclaré qu’il n’écrivait plus de fictions car après 80 ans, l’imagination se tarit complètement. J’ai trouvé ça terrible, sans vouloir y croire une seule seconde. Susie Morgenstern en est l’un des contre exemples vivifiants. 

Je bois du café dans une tasse Moomin qui porte une citation de Tove Jansson : "The main thing in life is to know your own mind." C’est un café en capsule que j’achète à la Grande Épicerie de Paris. Il y a toutes sortes de choix mais le mien se porte toujours sur le mélange italien ou le mélange grande épicerie. Peut-être suis-je attiré par le mot mélange ? Moi même je suis issu d’un mélange, et chaque fois que je sors dans la rue, je me mélange (au vent ou à d’autres). 

J’ai appris par les réseaux la disparition de Serge Bressan. Un journaliste - qu’il me semble n'avoir jamais rencontré - qui a toujours été d'une grande fidélité à mon travail. Par exemple, il a écrit à propos de mon dernier roman en date Neuf rencontres et un amour : « Par la magie de l’écriture de Jérôme Attal, on a là le roman de l’amour passionnel. » 

La fidélité est un bien rare, et les journalistes qui vous suivent avec régularité ont certainement une vision plus profonde et percutante de ce que vous essayez de faire. Malheureusement, il y en a beaucoup (mais c’est le cas de tant de personnes et de corps de métiers dans les milieux artistiques) qui ont pour vous un fort engouement à un moment donné et qui, par la suite, font comme si vous n'existiez plus, ne vous calculent plus du tout pour des raisons que vous n’arrivez pas à identifier. Serge Bressan n'était pas de cette trempe là. 

J’ai supervisé (le mot est un peu fort) l’enregistrement des voix du conte pour enfants : Le chaton qui vivait chez un ogre, qu’a enregistré Roxane (qui le porte déjà sur scène). Je suis ravi du résultat et la complimente sur son interprétation et la pertinence de ses incarnations. Je lui dis qu’elle devrait essayer de gagner (une partie de) sa vie en se rendant disponible à ce genre de projets. Et puis j’ajoute : je te dis ça mais moi aussi on me complimente sur ma voix et ce n’est pa pour ça qu’on fait appel à moi pour des narrations ou récits audios. Oh mais c’est un petit milieu, me répond Roxane, c'est à toi de le provoquer ! 

Olà, m'effraie-je, si en plus c’est un petit, j’ai pas du tout envie de le provoquer !


#writerslife

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