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 Writer’s life (153)


Je viens de lire un extrait d’interview de cette actrice qui déclare : «Je ne me suis jamais sentie offensée parce qu’un homme portait un regard bestial sur moi ». Je pense aux situations, innombrables où j’ai observé le regard bestial, nourri d’intentions bestiales, des hommes courir ou se fixer sur des filles. Dans des soirées, dans la rue, dans d’autres circonstances. À chaque fois, sans savoir d’où ça me vient, je me suis senti et me sens encore terriblement offensé. Pour la fille, à sa place, ou avec elle, ou pour moi, ma place dans ce monde (ou dans cette fête), je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que tout d’un coup je suis en face d’un déni de civilisation, d’une vulgarité et d’une brutalité qui me révulsent, c’est une constante, depuis l’enfance, l’adolescence, le moindre regard bestial porté sur une femme me blesse et me révolte à la fois, j’ai des envies de duel que je ne provoque pas inconsidérément car pour paraphraser le Prince de Ligne, c’est déjà suffisamment un calvaire de supporter de son vivant les abrutis il ne manquerait plus que de périr de leur main, bref, je réfléchis à mes propres réactions d’effroi et de dégoût, en lisant l’interview de cette actrice, et sans tomber dans un excès genré toujours stupide, d’autant que j’ai déjà vu des filles se comporter tout autant bestialement avec d’autres filles, pourquoi me sens-je offensé dans ma « nature humaine » comme dit Serge (Joncour), pourquoi ai-je des envies de protection, de passer mes bras autour de la fille et de l’empêcher d’aller à l’abattoir même dans le tranchant d’un seul commentaire ou d’un regard ?
Les tournées (littéraires) me manquent - « It’s a goddam possible way of life » comme dit Robbie Robertson à la fin de The Last Waltz - moi qui peux me sentir la fois entier et morcelé, le mouvement de ces tournées me répare. L’intérieur de mon prochain livre en attendant, où je me retrouve tout entier. 

#writerslife

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