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Affichage des articles du décembre, 2019

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Writer’s life (71) Chaque noël, j’’extirpe d’un panier Fortum’s la crèche de noël que ma maman installait au pied du sapin. Je ne sais pas son histoire, si elle vient de plus loin que ma naissance, si ma maman l’avait apporté de Belgique ou pas. Mais cette crèche m’accompagne depuis tant de noëls. À l’âge de six ans, je l’ai customisé avec un boeuf et un âne Playmobil. Il y a bien dû avoir trois schtroumpfs réquisitionnés pour faire les rois-mages. Tout ce temps des vacances de noël à Marsinval. La neige que j’ai si peu vue depuis, le feu de cheminée, et mon père qui passait sur sa chaîne stéréo les chants de noël de Bing Crosby, des Andrew Sisters, Frank Sinatra, tous les standards de sa jeunesse américaine. Je crois que j’ai + d’imagination que de mémoire, parce que je suis toujours tourné vers les choses que j’ai envie de faire plutôt que tout ce que j’ai fait. Ma seule mémoire concerne l’enfance dorée avec mes parents sans doute, et, par la suite, les choses qui m’ont marqué parce

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Writer’s life (70) Parfois une personne - une silhouette, un visage, un tempérament, une présence - m’obsède tellement que je n’ai d’autre choix que de la mettre dans un livre, comme pour tenter de me libérer de cette obsession, mais souvent c’est sans compter sur l’effet boomerang de la littérature... En terrasse du Flore, conversation avec deux trois it girls rescapées de la chienlit parisienne (sorte d’hommage à la nouvelle vague et à Anna Karina) Dans mon Beatles, j’ai fait un passage secret, un tunnel parfait, entre le livre et une scène emblématique de La petite sonneuse de cloches. Je n’ai pas encore une communauté de lecteurs très étendue (quoique, ça progresse) mais voilà, la lectrice ou le lecteur attentif et passionné pourra prendre ce tunnel pour se retrouver directement dans une scène refuge de La petite Sonneuse. Le moment qui est à l’origine du livre, en quelque sorte. Dans une interview à l’Express qui date de 1961, Vladimir Nabokov avoue à Anne Guérin qu’il n’aime pas

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Writer’s life (69) Un jeune type m’aborde en haut du boulevard Raspail et me demande la direction du McDo le + proche. Il ajoute : “C’est parce que je dois entrer en détention dans 30mn”. (La prison de la Santé est juste à côté). Je lui indique, puis suggère : “Vous ne voulez pas plutôt une librairie ?” Goûter de noël avec Louise, Zoé, Jenna et Charlotte (M). Un peu de baume sur ce dimanche marqué par la disparition d’Anna Karina. En dehors de sa présence d’égérie en mouvement dans les films de la nouvelle vague, son alliance détonnante d’intensité et de désinvolture, je me souviens de ce moment où elle retrouve Godard sans l’avoir recherché (et sans l’avoir revu en + de 20 ans) lors d’une émission télé. Un amour dans les griffes de la vulgarité des temps, où on voudrait nous faire croire que tout se vaut, que rien n’est grave ni éperdu, pour faire le show. J’aurais pu consacrer un texte dans mon Beatles à paraître à la relation Godard/Truffaut, tracer des parallèles avec Lennon/McCart

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Writer’s life (68) À Rennes, avec Virginie, libraire au Forum du livre, nous tombons en pleine rue sur Fred Martin, l’éditeur du Tripode. Rencontre inattendue pour le moins étonnante ! Je lui dis qu’il est mon idole depuis sa prise de parole mardi dernier au théâtre de l’Odéon à Paris, lors de cette cérémonie très embarrassante où madame Google et monsieur Facebook ont donné une vision aberrante du futur de l’édition. Nous allons boire un café dans un endroit délicieux : La part des anges. Parlons des journaux intimes en tant que genre littéraire, et des jolies couvertures du Tripode. Très chouette rencontre avec des lycéens autour de La petite sonneuse de cloches. Une lycéenne de la seconde 7 du lycée Chateaubriand me demande si mon livre est une tentative pour atténuer la mélancolie. Mais ! lui réponds-je, chacun de mes mouvements, chacune de mes pensées, est une tentative pour atténuer la mélancolie. Patrick me fait découvrir un bar nommé : Le Penny Lane. Dans une cave style The Cav

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Writer’s life (67) Pour une raison qui m’échappe j’étais l’un des très rares auteurs présents (Invités ?) à la 1ère cérémonie des trophées de l’édition. Sur scène se sont succédés madame Facebook, monsieur Google, et j’ai eu un peu l’impression que dans ce monde idéal dont on nous a dressé le portrait, les auteurs pourraient devenir les cheminots de l’édition. Les filles qui dans les cafés enlèvent leurs manteaux et le manteau manque d’emporter tout ce qu’il y a dessous, enfin, déstabilise le dessous, laisse apparaître une naissance ou une pointe ; pour moi c’est un spectacle + captivant qu’un compétition sportive voire même un opéra. Chaque fois qu’un projet se dessine ou s’amorce, c’est comme s’il commençait à travailler en moi, et au moment où je peux enfin dégager du temps pour m’y consacrer entièrement c’est comme si c’était presque prêt. Le presque devient le travail. Le travail consiste à ne pas laisser le presque dans l’approximatif. Avec Charlotte, nous tombons sur un livre qu

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Writer’s Life (66) Au café Madame, où je relis les épreuves d’Alcie. Formidable de voir en maquette le travail de Fred donner vie au texte, tous ces personnages qui deviennent si attachants dans cet imaginaire à deux, et de revivre en me relisant tout le discours caché derrière (quasiment) chaque ligne. Je retrouve mon état d’esprit lors de l’écriture, et toutes les choses très personnelles que j’ai enfouies dans chacun des 24 chapitres de ce livre jeunesse, mais après, pour que ça fonctionne, il faut aussi que ce soit suffisamment généreux pour que chacun puisse se faire son propre discours caché, si je puis dire, à lecture. Dans ce sens, j’ai la sensation que ça fonctionne. X me dit : “En ce moment, j’ai l’impression de m’agiter pour pas grand chose” Je lui dis : “Et avec personne en dessous de toi...” “Oui, me répond-t-elle, sinon j’aurais + de retour.” Ce soir, à la première édition des trophées de l’édition, je n’ai compris qu’au bout d’une demi-heure que la jolie blonde qui trave

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Writer’s life (65) Adeline me dit au sujet d’un auteur qui la stalke sur internet : « Il est comme un enfant mais pas un enfant comme toi». Puis elle ajoute : « Lui, c’est un enfant pas fini. » Au réfectoire du festival j’avise et interroge du regard l’assiette d’Adeline où, chancelant près d’un monticule de taboulé, trône un demi œuf esseulé et nu, quand elle me répond : « Je me méfie de la mayonnaise en collectivité. » Yves me dit que je pourrais prétendre à entrer dans le Guinness book des records pour mes participations aux festivals du livre. Que dire ? Je suis un garçon poli et si on m’invite et que je ne suis pas déjà engagé ailleurs j’ai tendance à accepter, j’ai toujours beaucoup d’admiration pour les personnes qui organisent des événements autour du livre, je trouve de l’inspiration dans le mouvement, et dans la solitude des intervalles, et si je suis placé à côté de Loulou comme la plupart du temps cette saison je suis bien. Dans un bus de nuit rempli de gens bruyants, égoïs

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Writer’s life (64) Dans les salons du livre, le photographe qui a des téléobjectifs de dingue genre chasseur de grand fauve, qui s’approche de vous, trouve que vous avez une bonne tête (de grand fauve), votre visage lui évoque quelqu’un de probablement connu, une personnalité, alors le voici tout disposé, sur le qui-vive, en appétit, prêt à vous tirer le portrait, au moins pour « PurePeople »… et puis, par acquis de conscience (professionnelle), il jette un œil à vos livres et s’aperçoit que le combo : votre prénom + votre nom ne lui dit rien, mais alors rien du tout, pas dans le radar de la notoriété, aussi tout à coup il renonce, débande en quelque sorte, et s’éloigne de vous sans un égard. En studio avec Annaëlle, nous convenons que les anglaises sont quand même + libres et + libérées que les françaises. «Libre ne veut pas dire légère, par ailleurs » affine-t-elle avant d’ajouter : « Qui a dit ça, Libre mais pas légère ? c’est une autrice… », « Ah, réponds-je avec étonnement, tu dis