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Writer’s life (65)
Adeline me dit au sujet d’un auteur qui la stalke sur internet : « Il est comme un enfant mais pas un enfant comme toi». Puis elle ajoute : « Lui, c’est un enfant pas fini. »
Au réfectoire du festival j’avise et interroge du regard l’assiette d’Adeline où, chancelant près d’un monticule de taboulé, trône un demi œuf esseulé et nu, quand elle me répond : « Je me méfie de la mayonnaise en collectivité. »
Yves me dit que je pourrais prétendre à entrer dans le Guinness book des records pour mes participations aux festivals du livre. Que dire ? Je suis un garçon poli et si on m’invite et que je ne suis pas déjà engagé ailleurs j’ai tendance à accepter, j’ai toujours beaucoup d’admiration pour les personnes qui organisent des événements autour du livre, je trouve de l’inspiration dans le mouvement, et dans la solitude des intervalles, et si je suis placé à côté de Loulou comme la plupart du temps cette saison je suis bien.
Dans un bus de nuit rempli de gens bruyants, égoïstes, épuisés et envahissants, face à moi un couple de touristes allemands se roule des pelles avec la frénésie d’une petite cuillère qui vient de découvrir son premier pot d’ice-cream, je me sens sauvé quand un couple de japonais se glisse près de moi, incarnant à mes yeux une certaine idée de la civilisation.
Une fille vient me voir et me demande si je veux partir à noël aux sports d’hiver avec elle. J’ai botté en touche, accusant par la suite une légère déception envers moi-même, forcé d’admettre que j’ai un tempérament aventureux plutôt modéré.
Loulou a oublié sur la banquette arrière du taxi le bouquet de fleurs que sa sœur lui a offert pour son anniversaire. J’ai retraversé tout Paris avec le bouquet de fleurs à la main et c’était plutôt embarrassant parce que toutes les personnes avec lesquelles j’avais rendez-vous entre hier soir et ce midi croyaient que ce bouquet leur était destiné.

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