Articles

Affichage des articles du mars, 2019

22

Writer’s life (22) X me dit : ll y a un truc sympa avec les réseaux sociaux, c’est que parfois tu peux regretter un amour, une relation, une histoire avec une personne qui s’est mal faite ou pas faite du tout. Ce regret est parfois comme une (lourde) défaite. (J’ajouterai : Une lourde défaite même le cœur léger). Et puis, au fil du temps, tu regardes ce que cette personne poste, les photos de vacances ou de soirées intempestives, ce qu’elle raconte, ses intérêts, ses petites ou énormes vanités et son mode de vie, et alors tu te dis : « Wah ! Heureusement que j’ai échappé à ça. Je n’aurais pas tenu deux minutes. » Mission principale de ces prochains mois : trouver une solution pour retrouver un logement à Paris (6 ou 16). Trop de sollicitations, de rendez-vous de travail, de trains qui partent de Paris etc. L’autre jour, lors d’une séance de dédicaces, il y a une adolescente qui est venue me voir et m’a dit : « vous êtes mon préféré et je vous trouve très différent des autres écrivains,

21

Writer’s life (21) Tout ce que je crève de dire dans la vie sans que je trouve la circonstance pour, tout cela part dans les livres. Tout cela fait le livre. Paris, deux heures du matin. Le chauffeur de taxi à la question duquel : « Que faites-vous dans la vie ? » je réponds « écrivain », commence à me parler de son « livre préféré de tous les temps » de son auteur fétiche : L.F. Céline. Là, je me dis « oh non par pitié, pas un sempiternel éloge de Voyage au Bout de la nuit », en même temps dans un Taxi, la nuit, soyons indulgent, et en fait non le mec me branche direct sur « Bagatelle pour un massacre », livre qu’il trouve superbe, ponctué de remarques : « On ne peut pas le dire à tout le monde mais les allemands ils ne voulaient pas la guerre »… En fait, ce qui me rend malade dans cette vie, ce n’est pas tant la bêtise que l’indécence. Bon, ça ne me rend pas malade. Je réserve mon chagrin à des choses qui m’emportent, mais, je veux dire, je ne comprends jamais l’indécence. Ça me pass

20

Writer’s life (20) Montparnasse, en traversant le boulevard, aveuglé par un bus envahissant j’ai failli me faire écraser par un taxi. À trois secondes près c’en eut été fini de toute cette mélancolie. On parle avec Loulou de nos prochains livres à paraître. Ce sera notre deuxième rentrée littéraire ensemble. Je lui dis : « Tout mon coeur est dans ce livre », elle me dit : « Plus que dans les autres ? » Jennifer me fait plaisir en me parlant de mes poèmes, ces petits instantanés que j’écris, elle dit qu’ils mériteraient de paraître en recueil, je lui réponds que j’ai déjà eu plusieurs propositions en ce sens mais pour l’instant je ne sais pas, je me satisfais de leur forme immédiate, intense et volatile. Phrase admirable de Zoé qui me parle d’une fille qui est toujours dans le rapport de force : « J’ai pas besoin de me mesurer à elle, j’ai déjà les résultats. » Dans mon prochain roman, il y a une petite phrase qui est la quintessence de mon père. Je dis à propos d’un personnage : d’une

19

Writer’s life (19) Dans mon prochain roman, j’ai mis la chose que je préfère au monde. Que rien n’égale pour moi. Excepté peut-être certains noëls de mon enfance (mais cela ne reviendra pas). Au salon du livre de Paris, l’auteur à succès qui fait dégager les livres de ma copine Héloïse au profit de Christine Ockrent, estimant sans doute + chic de dédicacer à côté de la célèbre journaliste. Toute cette petite affaire s’est combinée pendant qu’Héloïse s’était absentée un instant pour venir me parler. En 3mn le type en profite pour dégager (ou faire dégager) les livres. Héloïse retourne à sa place, ce n’était plus sa place. Nous étions choqués. Quand je pense que dernièrement j’ai dîné à la table de ce type (les rares échanges que j’avais eus avec lui et un de ses potes m’avaient déjà gonflé). Un grand moment de ce salon est la réaction de Nathalie quand je lui montre le titre de mon prochain roman. Éclat spontané de ravissement, ce qui donne confiance. Tout le week-end j’ai trimballé ave

18

Writer’s life (18) Travaillé tout le week-end sur un nouveau projet. C’est si joyeux d’être emporté. Tant que l’inspiration est là, il faut y aller. Ce qui vous fout dedans, c’est l’interruption. Dans la vie aussi, je crois. Dieu que je hais les interruptions quand je suis porté par quelque chose (ou quelqu’un) qui me concerne. Me suis battu avec des corrections sur une « nouvelle » qui va être bientôt publiée. Finalement, ce sera vraiment très bien. Mais j’ai dû tout repasser parce que la correctrice avait suggéré pas mal de petits trucs qui peuvent bien sûr paraître anodins mais qui cassaient mon rythme et mes intentions (et mon moral). Par exemple j’écris : « dans l’espace confiné de se marcher dessus », et après le passage de la correctrice ça devient : « dans un espace confiné où se marcher dessus. » Euh…je comprends que c’est + français sans doute mais si je l’ai écrit ainsi c’est que je trouve ça + rapide, meilleur de mon point de vue, bien + intuitif. En relisant la somme de co

17

Writer’s life (17) Où est-elle cette pisseuse et son premier roman Rencontrée en septembre ou octobre dans un train Qui me parlait des Prix qu’on lui promettait tant S’imaginant déjà l’emporter haut la main Où est-elle maintenant ravale-t-elle son chagrin Y a t il un journaliste pour suivre ses exploits Ou espérer encore lui rouler un patin Dans ces nuits où l’alcool est un marieur ingrat Elle n’a plus guère d’article à mettre sur Instagram Pour convaincre un public qu’elle a le premier rôle Comme il faut bien sa dose chaque jour d’un peu de joie À défaut d’un article elle dévoile une épaule Je vois encore sa bouche insatiable dans le train Me parlant de ces prix qu’on lui promettait tant Croquant dans un carré Michel et Augustin Affichant le sourire hautain des conquérants. Elle était si ravie de faire partie des listes Qu’elle me faisait penser à cette fille d’autrefois Qui sortait tous les soirs et les physionomistes L’appelaient par son prénom du Baron au ChaCha Et au Paris Paris o