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 Writerslife (147)


Il y a plusieurs semaines j’ai été interviewé par une personne qui n’avait pas lu le livre pour lequel j’avais été sollicité (les surprises arrivent, quand elles se répètent un peu, le goût de la surprise disparaît), et ce qui m’a gêné durant l’entretien (fort pénible pour moi et qui a duré un bon bout de temps) c’est cette forme d’arrogance de croire que « sa personnalité », « l’angle si personnel et original, intime etc.» de son approche va suffire à faire le show. Je veux dire, pas tant que cette personne pense que sa personnalité peut remplir l’espace et embarquer son invité où elle le souhaite (pourquoi pas, l’auteur n’est qu’un passager dans la succession de personnes qu’elle reçoit), mais qu’elle estime qu’elle n’a pas besoin de lire le texte, que sa personnalité peut supplanter le texte, le remplacer, en faire abstraction. Qu’un quatrième de couverture suffit… Et bien sûr, il y aura toujours des personnes pour louer son talent, la manière exceptionnelle dont elle arrive à soutirer des choses intimes à l’auteur etc. Sauf que, pour ma part, je lui ai donné des cartouches pour qu’elle me lâche la grappe et j’avais honte pour moi qui étais acculé sur un terrain où je n’avais pas envie d’aller, pris contre un mur, donnant mes bouts de viande à un fauve, et honte pour elle qu’elle n’ait même pas eu la décence de parcourir mon livre. Cette anecdote me donne à penser aussi pourquoi je ne fais pas de jeunisme. Quand j’ai sorti mon premier roman, des types de mon âge m’interviewaient de manière totalement superficielle et égotique, et leurs questions ne valaient en rien l’intensité, la profondeur et la pertinence de la moindre petite mamie de soixante dix ans qui travaille bénévolement pour RCF. 
Passé toute la matinée à écrire (prochain roman). Bien. Après avoir parlé à Charlotte hier, je trouve le bon rythme.
Lors de ma lecture musicale sur le livre des Beatles, dimanche dernier, à Livres en vignes, j’ai dit qu’aujourd’hui la société ne nous donnait pas les moyens d’avoir ou de conserver la douceur de Paul, qu’elle nous forçait à éprouver la douleur et la rage de John. Quelque chose comme ça. 

#writerslife

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