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Affichage des articles du mai, 2019

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Writer’s life (31) Il y a quelque temps de cela j’ai eu mes 30 secondes de gloire dans l’émission de Cyril Hanouna. Ils avaient repris en magnéto un début d’interview tv où j’avais été présenté comme : «écrivain, parolier, scénariste, chanteur, acteur… ». À cela, l’animateur entraîne sa bande pour se foutre gentiment de moi sur le mode : « C’est qui ce mythomane ?! Il sort d’où ? Personne ne le connait, comme il se la raconte !». Bon, en +, je ne me la racontais pas du tout, ne me présentant pas moi-même. Sur le vif, ça m’a un peu choqué, puis très vite amusé (modérément), et ensuite je me suis dit que c’était caractéristique de la société actuelle. Outre qu’une simple recherche google leur aurait permis de confirmer cette présentation, aujourd’hui la plus grande valeur accordée est la visibilité. Si vous n’êtes pas visible, identifiable, on vous nie. Encore faut-il qu’on vous permette de devenir visible ou identifiable. Qu’on vous offre une mise en avant (pour la plupart, c’est souven

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Writer’s life (30) J’aime beaucoup cette phrase de Sarah Manguso : « Interesting people aren’t interested in appearing interesting ». J’entends une fille qui s’appelle Capucine dire : «J’ai eu la chance qu’on me donne ce prénom quand je suis née. » Je lis une interview de Philippe (V) qui dit : « Je ne crois pas du tout à l’inspiration sur la durée d’un roman. (…) Je crois davantage à l’immersion dans un univers et au travail d’écriture qui provoquent ensemble une dynamique ». Je trouve ça très intéressant, comprend ce qu’il veut dire, pourtant en ce qui me concerne, je crois en l’inspiration sur toute la durée du roman, j’ai besoin du charme, de la surprise, de l’éclat, de la nécessité romantique et de l’absolutisme aussi de l’inspiration, au détour de chaque page, sinon je m’ennuie copieusement. L’autre jour dans le train avec Erwan, nous convenions que rares étaient les auteurs à avoir eu la capacité de construire un monde : Tolkien, George R.R. Martin, J.K. Rowling… Mais la véritab

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Writer’s life (29) Au siège de l’éducation nationale le réfectoire du sixième étage offre une vue spectaculaire sur les Invalides et la Tour Eiffel, en revanche les gens qui y travaillent sont moyennement cool, plutôt que de demander si vous pouvez leur faire une place à table, ils vous demandent de dégager pour que le roulement soit efficace. On a fait un merveilleux binôme avec Jenna pour sélectionner les textes. J’avais mis dans la marge des annotations du genre : « Pas près de pécho » ou « Pour France culture un jour de grève générale », ce genre de commentaires épouvantablement sympas. Je dévoile à Jenna le poème qui m’a le + convaincu et elle me dit : «Ça te ressemble. L’amour un peu ambigu… », « Ambigu ? » m’insurge-je. « Oui clairement. » répond-t-elle. Après, comme nous avons fini en avance nous avons établi le « hit parade des écrivains qui visiblement considèrent aussi important de montrer leur gueule sur Instagram le + souvent possible que de faire une oeuvre. ». Nous avons

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Writer’s life (27) Dans le teasing de sa masterclass d’écriture en ligne, Bernard Werber affirme : « Nous sommes huit milliards de terriens sur terre, hé bien nous sommes 8 milliards de raconteurs d’histoires ». Je ne sais pas s’il y a huit milliards de raconteurs d’histoires, mais j’en connais pas mal qui se racontent des histoires. La bataille de Winterfell me laisse des sentiments mitigés ; j’attendais un échange shakespearien entre le Night King et Bran, (ce genre de rapport pourrait même être + fort chez Woody Allen) ; pas le moindre baiser sur les lèvres de Sir Jorah (What the fuck ?) ; et la plupart des enjeux dramatiques entre les personnages (si beaux dans l’épisode précédent) ont été oubliés dans la bouillasse sombre de la bataille (mais bon, face à la déferlante de zombies on peut comprendre qu’on n’ait pas le temps d’y prendre une tasse de thé). Seule personne qui s’en sort sous la patte des scénaristes (qui sont les véritables dragons de cet épisode), l’un de mes personnag