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Writer’s life (31)

Il y a quelque temps de cela j’ai eu mes 30 secondes de gloire dans l’émission de Cyril Hanouna. Ils avaient repris en magnéto un début d’interview tv où j’avais été présenté comme : «écrivain, parolier, scénariste, chanteur, acteur… ». À cela, l’animateur entraîne sa bande pour se foutre gentiment de moi sur le mode : « C’est qui ce mythomane ?! Il sort d’où ? Personne ne le connait, comme il se la raconte !». Bon, en +, je ne me la racontais pas du tout, ne me présentant pas moi-même. Sur le vif, ça m’a un peu choqué, puis très vite amusé (modérément), et ensuite je me suis dit que c’était caractéristique de la société actuelle. Outre qu’une simple recherche google leur aurait permis de confirmer cette présentation, aujourd’hui la plus grande valeur accordée est la visibilité. Si vous n’êtes pas visible, identifiable, on vous nie. Encore faut-il qu’on vous permette de devenir visible ou identifiable. Qu’on vous offre une mise en avant (pour la plupart, c’est souvent la loterie). Mais au fond, le malentendu réside dans le fait qu’écrire, à mon sens, s’adresse à la part invisible qu’il y a en nous, en l’autre. Quand j’écris, par exemple, un mot d’amour, je veux toucher la part invisible de la personne à laquelle je pense. Ta part d’invisible, mon amour. Seul l’invisible est convoqué, seul l’invisible est décisif, dans l’amour. Néanmoins, dans tout ce que j’entreprends il faudrait que je sois visible pour être crédible. La première valeur qu’on donne à mon travail devient sa visibilité. Bien devant ce que vous pouvez tenter de produire d’ardent, d’inédit et de durable. Si vous êtes en froid avec la visibilité, si la visibilité vous a pris en grippe, vous êtes cuit. Aujourd’hui l’effort principal est de se faire visible, alors que le travail véritable n’a jamais concerné que l’invisible.

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