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Writer’s life (30)
J’aime beaucoup cette phrase de Sarah Manguso : « Interesting people aren’t interested in appearing interesting ».
J’entends une fille qui s’appelle Capucine dire : «J’ai eu la chance qu’on me donne ce prénom quand je suis née. »
Je lis une interview de Philippe (V) qui dit : « Je ne crois pas du tout à l’inspiration sur la durée d’un roman. (…) Je crois davantage à l’immersion dans un univers et au travail d’écriture qui provoquent ensemble une dynamique ». Je trouve ça très intéressant, comprend ce qu’il veut dire, pourtant en ce qui me concerne, je crois en l’inspiration sur toute la durée du roman, j’ai besoin du charme, de la surprise, de l’éclat, de la nécessité romantique et de l’absolutisme aussi de l’inspiration, au détour de chaque page, sinon je m’ennuie copieusement.
L’autre jour dans le train avec Erwan, nous convenions que rares étaient les auteurs à avoir eu la capacité de construire un monde : Tolkien, George R.R. Martin, J.K. Rowling… Mais la véritable force ce n’est pas tant d’être capable de faire des fiches pour rendre le monde créé stable, solide, cohérent, c’est à mon sens de le rendre inspirant.
Le mot islandais : «Alfreika ». En fait j’ai beaucoup aimé ce que m’a raconté Lucas sur ce sortilège : « tu perds ton inspiration, ton identité ». Je pense que ma véritable identité c’est l’inspiration, et les personnes qui m’inspirent sont à la fois ma patrie, mon horizon, mon pays, mes amours (heureuses ou malheureuses), ma famille, mon asile aux jours fuyants ; l’inspiration c’est le seul mouvement de joie irrésistible qui permet de rendre la mélancolie, la finitude de tout, la brièveté des moments heureux, la fin de l’intensité ou de votre relation avec certaines personnes, l’insurmontable défaite ou l’impossibilité d’un amour, tout ce triste bordel dans lequel votre âme cherche un peu de lumière (ou une issue de secours) acceptable.

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