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Writer’s life (94)
En deux jours, la prudence a fait place à la raison qui donne raison à la panique réelle.
X, qui a lu Alcie avec sa fille, me dit à propos de Y que cette pimbêche frivole mélange une part de ce qu’elle voudrait être avec une part de faux. Il y a des gens, me dit-elle, qui sont des anifaux.
Retours enthousiastes sur Alcie : la poésie et l’interactivité du livre, le bonheur de le lire avec les enfants, et des ateliers spontanés de dessins d’anifaux qui peuplent l’après-midi en cette période de confinement.
Après l’annulation des festivals, coup dur avec la fermeture des librairies. Des libraires très inquiets. Des écrivains privés de ressources financières pendant un temps indéterminé.
Les deux choses qui vont vraiment cartonner avec le confinement : le service de streaming de Disney qui arrive le 20 mars, et, le porno en streaming, certainement.
Acheté deux tablettes de chocolat à une fille très jolie (oui), et retourné m’enfermer dans le prochain roman. M’enfermer dans l’écriture d’un roman c’est-à-dire m’échapper, m’aérer, respirer, oublier la stagnation, le manque de, le danger et le désespoir ambiants.
Sur le rivage, je croise ces filles qui de mars à juin peuplent la plage ou les planches, en bandes. Elles sont plus tristes que d’habitude. Enterrement d’une vie de jeune fille pour un mariage qui n’aura peut-être par lieu (par interdiction gouvernementale, plus que par lucidité personnelle). L’une d’elles me regarde et fait une messe basse à sa copine, du genre : « C’est qui ce type qui se balade un livre à la main ? »
Zoé me téléphone alors que je marche le long de la mer. Elle me dit : «Tu es confiné face à l’infini».

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