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 Writer’s life (133)


Dans le 12ème arrondissement de Paris, il y a un délicieux petit resto vietnamien qui fait vente à emporter. J’y entre ce midi pour acheter de quoi déjeuner, quand un client - un type imposant affalé à une table - bougonne de manière délibérément audible : «Ils sont de + en + petits les bobuns ici ! Radins, va ! ». Pris de court par ce « Radins, va ! » les commerçants répondent par le sourire, puis l’un des patrons va même jusqu’à apporter une ration supplémentaire et gratuite à l’odieux client. Je reste interdit, complètement médusé et rempli d’un fort sentiment de honte. Honte que ce type se soit comporté ainsi. Comment peut-on être si dépourvu de décence pour oser réagir ainsi ? Aujourd’hui, c’est terrible, les gens se répandent tellement, n’ont plus aucune gêne de leur bêtise, leur violence, leur capacité à l’insulte, ou leur exhibitionnisme. Je sors du restaurant totalement déprimé et pense à Stéphane Caglia, le héros de mon roman policier : « Aide-moi si tu peux ». Le capitaine de police Caglia serait intervenu, aurait filé, pourquoi pas, une rouste monumentale au client affreux pour lui apprendre la décence (la disparition de la décence, le sujet principal d’Aide-moi si tu peux). J’aurais, de mon côté, été bien tenté de faire une réflexion, balancer un truc bien mordant et bien puissant, mais j’avais rendez-vous avec Sarah et Serge et pas du tout disponible pour passer l’après-midi à l’hôpital. C’est vraiment dommage qu’« Aide-moi si tu peux » n’ait pas eu davantage de succès ou n’ait pas été reconnu comme un roman policier, j’en aurais bien écrit une suite, ou fait une série. J’avais écrit un synopsis et envoyé l’idée il y a deux ans à plusieurs boîtes de prod, mais toutes m’ont envoyé me faire foutre. Enfin, je dis ça, elles y ont mis les formes quand même. Il y avait beaucoup de paquets d’emballage et de papier cadeau autour du message d’aller me faire foutre. 

#writerslife

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