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Writer’s life (132) Alix me dit : « De toute façon, cette année, c’est l’année des rendez-vous manqués. » Je suis bien d’accord, je dirais aussi qu’écrire c’est faire cas et rendre un peu de majesté à tout ce qui est perdu dans tout ce qui est manqué. Dans « Alcie & la forêt des fantômes chagrins », il y a quelque chose qui a pour moi à voir avec l’essence même de la littérature. Et même si le livre est destiné aux enfants - contrairement à nombre d’adultes, ils voient souvent + loin que leur âge ne le leur permet - donc, à un moment, Alcie va enterrer son chagrin dans la forêt, et, dès la nuit suivante, elle s’inquiète pour lui, se dit que c’était quand même bien d’avoir un petit chagrin rien qu’à elle, elle s’y est attachée, son chagrin l’a fait grandir dans le bons sens (oui), et elle a peur qu’il prenne froid en pleine forêt la nuit, elle décide d’aller le chercher. Or, une fois dans la forêt, les feuilles du tas sous lequel elle l’avait enterré sont disséminées au vent, le chagrin n’est plus là. Elle s’apercevra bientôt qu’il a été récupéré par un autre enfant qui ne savait pas mettre de forme -ou de mots -sur son chagrin. Pour moi, l’histoire d’Alcie, c’est toujours ce que je fais, en littérature. Quelque chose me paraît insurmontable, me tue à petit feu, me découpe du reste du monde (selon les pointillés), me travaille au quotidien, alors je le change en histoire ou je le place sous le tas de feuilles d’un livre et j’espère qu’une lectrice ou un lecteur (ou un peu plus qu’une ou un) s’en emparera, le fera sien, et même si jamais personne ne connaîtra l’origine ou le visage de mon chagrin, il prendra dans la lecture d’autres visages, une autre réalité. Pour moi, c’est la meilleure définition de la littérature possible. Et je l’ai mise dans Alcie. #writerslife

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