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Affichage des articles du octobre, 2018

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Writer’s life (4) Rue Laffite, une fille au téléphone dit : “J’ai acheté trois énormes poissons que je voudrais manger alors que je suis toute seule c’est n’importe quoi. Donc ce soir je reste à la maison pour manger l’un des trois énormes poissons. Je voudrais sortir pour rencontrer un garçon, mais je ne peux pas, à cause des trois poissons que j’ai achetés”. Lors de ma dédicace à Dijon, une femme me dit, pendant que je griffonne sur son livre : “Vous avez de si belles mains, si fines, des mains d’intellectuel”. Je crois que j’aurais préféré entendre : “des mains de pianiste”. J’ai été gâté, la chambre à l’hôtel La Cloche est superbe. Une sorte de petit appartement idéal dans sa disposition. Pour en profiter, je n’ai pas trop dormi. Il y a des chambres d’hôtel - elles sont rares - qui méritent qu’on y consacre des nuits blanches. On peut y inviter ses pensées, ses préoccupations du moment, ses secrets. Donc, j’ai joué à la dînette avec mes secrets. Je pense que quand je ne commence pl...

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Writer’s life (3) Dans le métro, voire dans Paris, soyons larges, on ne peut tenir que le journal de bord des gens qui vous surprennent parce qu’ils sentent bon. Aux éditions du Seuil / La Martinière, des filles sortent d’un ascenseur et parlent d’une autre fille qui touchait 4% des ventes. Les filles sont tellement occupées que lorsque l’une me lance un regard j’ai la sensation de toucher 4% de leur conversation. Au Flore, je suis à côté d’une actrice française qui dit à son agent : “Tu comprends, j’ai trente ans, il est temps que je pousse des portes.” Elle ne veut pas devenir groom d’hôtel mais rêve de cinéma indépendant (américain). Philippe Zavriew me dit que 37, étoiles filantes est le prochain roman qu’il lira. Avant, il lui reste à finir un John Le Carré. Il me dit “ Un roman de John Carré, c’est un peu comme une histoire d’amour avec une jolie femme, quand tu reprends en plein milieu c’est pas grave si tu ne comprends pas, tu avances et tu te dis que ça reviendra, tu te raccro...

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Writer’s life (2) Dans le train Marina Dédéyan m’apprend que depuis quelques jours le cougar a disparu de la surface de la planète. J’ai dédicacé un livre à une Léopoldine et Jean-Paul Delphino me raconte que Léopoldine est la fille de Don Pedro II du Brésil qui a créé une ville en hommage à sa fille, une ville amour, nommée Léopoldina. “Si tu pars au Brésil, tu aimeras tellement que tu ne reviendras pas” me dit Jean-Paul. Je lui réponds : “Ce qui est beau dans le départ, c’est le retour.” Je demande à Jean-Paul : “Alors pourquoi, toi, tu es revenu ?” Il me répond : “Je suis toujours là-bas. C’est ici que je suis en voyage.” Une jolie fille m’apporte des gâteaux tout le temps, à la fin je devenais incapable de voir qu’elle était jolie tellement je ressemblais à un gâteau, les gâteaux ne souffrent pas devant la beauté, ils ne pensent à rien, un jour ils sortent de leur boîte et on les dévore. Un type est venu me brancher pour un salon du livre où l’invité vedette est le fils d’Haroun Ta...

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Writer’s life (1) Un verre de vin qui me monte à la tête dans une librairie du boulevard Saint-Germain qui n’est même pas foutue d’avoir un seul livre de ma maison d’édition dans leurs étales de rentrée littéraire. (L’un des trucs les + moches que je connaisse, avec la bêtise tout le temps : Le snobisme en littérature.) Une conversation de cinq minutes avec Serge Moati à qui je dis : « Ne vous effacez pas trop vite ». Une conversation de cinq minutes avec Clément Bénech sur les histoires d’amour. Les jolies filles, seules et bouleversantes, du vendredi soir. La rue Delambre où dans mon roman il y a une course-poursuite entre Alberto Giacometti et Jean-Paul Sartre. La portion du boulevard Raspail que je préfère. La mélancolie. Un peu de fatigue aussi. Et demain : Royat-Chamalières.