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Writer’s life (3)
Dans le métro, voire dans Paris, soyons larges, on ne peut tenir que le journal de bord des gens qui vous surprennent parce qu’ils sentent bon.
Aux éditions du Seuil / La Martinière, des filles sortent d’un ascenseur et parlent d’une autre fille qui touchait 4% des ventes. Les filles sont tellement occupées que lorsque l’une me lance un regard j’ai la sensation de toucher 4% de leur conversation.
Au Flore, je suis à côté d’une actrice française qui dit à son agent : “Tu comprends, j’ai trente ans, il est temps que je pousse des portes.” Elle ne veut pas devenir groom d’hôtel mais rêve de cinéma indépendant (américain).
Philippe Zavriew me dit que 37, étoiles filantes est le prochain roman qu’il lira. Avant, il lui reste à finir un John Le Carré. Il me dit “ Un roman de John Carré, c’est un peu comme une histoire d’amour avec une jolie femme, quand tu reprends en plein milieu c’est pas grave si tu ne comprends pas, tu avances et tu te dis que ça reviendra, tu te raccrocheras aux wagons par la suite.”
Dans la cour de Penninghen, rue du Dragon, une fille tient le visage de son amoureux entre ses mains d’oiseau.
Je passe par le couloir à vœux de la rue Visconti, un rituel magique que j’ai inventé de toutes pièces il y a bien longtemps, et que j’ai mis dans 37, quand Alberto y entraîne Julia après avoir mendié en secret son amour, derrière les grandes vitres nuitées d’un restaurant de Montparnasse.
Je passe voir Zoé Ferdinand, rue Monsieur le Prince qui me fait essayer un prototype de sweat “L’amour fou”, collection femme mais elle va en confectionner un exemplaire unique, homme, pour moi. Zoé me dit : “Descartes aimait les filles qui louchaient, et toi tu aimes les filles prognates, avec la mâchoire un peu lourde.” Je trébuche en écrivant cette dernière phrase sur mes notes de téléphone pendant que je remonte le boulevard Raspail et me rattrape in extremis au regard d’une passante qui, après cette virgule, a déjà disparu.

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