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Writer’s Life (8)
Au café, rue de Charonne, une anglaise assez chic - je vois ça à la manière dont elle a noué ses cheveux - dont le chien s’appelle : Henry.
Un photographe me dit que c’est important d’avoir sa photo en quatrième de couverture, ça fait 12 % de ventes en plus. Enfin, tout dépend de la photo. Et il me donne sa carte professionnelle.
Les journalistes qui dès la fin avril s’excitent sur la rentrée littéraire de septembre me font penser à ces bistrotiers qui dès dix heures du matin dressent leurs tables pour le déjeuner, chassant les doux rêveurs des entre deux.
Dans le métro, une fille au visage exceptionnel. Envoûtant, reposant, dans toute cette sauvagerie de Paris livrée aux sauvages. Et puis deux types sont entrés dans la rame, ont obstrué mon champ de vision et je ne voyais plus que son oreille et une mèche de cheveux blonds entre deux épaules.
Chez Karine, dans le quatorzième arrondissement, je joue sur le joli piano droit (avec mon niveau pénible) et Clément dit : « Moi, j’ai fini Les regrets de Du Bellay et putain c’est pas mal ! »
Je vote pour les Victoires de la Musique. Sans conviction. Je fais défiler les noms, les chansons. Y-a-t-il seulement une chanson cette année dans la liste qui m’a donné envie de la réécouter, d’en faire un refuge, un bonbon pour la mélancolie ou un pur instant de joie ?
Quand je suis dans le temps épris d’écrire, toute lecture n’est qu’un tremplin, un trampoline, pour atteindre à nouveau le terrain vague de l’écriture ; vague mais foisonnant d’intime conviction.
Une critique littéraire me dit sur un ton très allègre qu’elle n’aime pas mes romans parce qu’elle a des goûts classiques et que je suis trop original. Trop original ? Cela m’interroge toujours. Pour ne pas aggraver mon cas j’acquiesce et m’abstiens de lui dire que souvent les originaux d’aujourd’hui font les classiques de demain.
Parfois devoir s’imposer et pourtant, depuis l’enfance, une détestation profonde pour ce qui prend de la place, brasse de l’air, se met en avant, emplit l’espace de gesticulations sans mystère.

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