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Writer’s life (9)

C’est toujours curieux la parution d’un livre. On pense que l’on va être soutenu par des personnes qui, finalement, ne lèveront pas le petit doigt. D’autres seront là avec ferveur. De nouveaux enthousiasmes pointent le bout de leur nez. On est heureux, déçu, fatigué, rechargé à bloc…C’est toujours une expérience humaine. Peut-être encore + que celle d’écrire un livre qui ne concerne au départ que soi et une idée positive, ultra positive, que l’on se fait de l’autre.
Si je devais écrire une sorte de Holden Caulfield aujourd’hui, je pense que mon Holden serait déprimé par les gens qui disent « Joyeuses fêtes » pour ne pas avoir à dire : « Joyeux noël ». Ça le déprimerait totalement. Il ferait exprès de leur répondre en retour « Joyeux noël ». Je voulais donner ça à Tommy Bratford quand j’ai écrit « Les jonquilles de Green Park » mais c’était trop anachronique et il y en a qui aiment bien vous cartonner sur l’anachronisme, ils font : « nananère, il a mis un truc anachronique » sans prendre la peine de se demander si vous l’avez fait sciemment ou quoi, ils en profitent pour dénigrer l’ensemble comme les gens qui vont mettre de côté un disque parce que : « j’aime pas la voix » (Bon, c’est + embêtant, quand même, pour des chansons).
Dans le tgv, une fille parle de son prof d’escalade dont le patronyme est Casanova. Elle dit qu’elle veut le voir absolument ce soir. Un autre type parle à son pote d’une fille qui a la pire influence de l’année. Je tends l’oreille, très intéressé à en apprendre davantage sur cette fille qui a la pire influence de l’année. En fait non, il ne parlait pas du tout d’une fille, mais de la période des vacances de noël, la pire affluence de l’année.
Souvent au cours de la journée m’arrive comme un boomerang le désir (la nécessité ?) de téléphoner à ma maman pour lui raconter quelque chose. Mais quand je l’appelais, chaque jour, de son vivant, c’était rarement pour raconter quelque chose, c’était surtout pour prendre de ses nouvelles (qui était ma façon à moi de lui raconter quelque chose).
« Mais oui tu es belle » J’aime bien ce miroir suspendu passage Josset, un ready-made de poésie dans Paris qui en manque temps ces temps-ci, une sorte d’Instagram artisanal pour les filles qui sont en panne de connexion ou de smartphone, et qui n’ont souvent rien à déclarer que leur silhouette pour afficher une story et redorer leur journée.

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