34

Writer’s life (34)

Le problème avec cette mise en avant de soi aujourd’hui, c’est qu’il y a un brouillage permanent entre : “Faire son intéressant” et “Être intéressant”.
Coups de fil, sollicitations, dédicaces, rencontres, dîners littéraires, mon carnet de bal de la rentrée se remplit à vue d’œil.
Je n’arrête pas de penser aux derniers jours avec ma mère. Quand je l’ai conduite à la clinique, pour faire vite j’ai pris l’autoroute. Si j’avais su que ce serait son dernier voyage j’aurais pris le chemin qu’elle aimait tant, celui qui longe la Seine. Je n’arrive plus à me remémorer si j’ai fait vite pour la soulager ou par pur égoïsme. Je crois que c’est la première option mais avec le temps n’en suis plus si sûr. Je vois les choses en noir car si j’essaie toujours d’approcher leur bonté je suis loin d’avoir la force, le courage, la volonté, le sens pratique, l’adhésion à ce monde, de mes parents. Je n’arrive jamais à être à la hauteur de qui ils étaient.
J’étais à un dîner l’autre soir et il y avait un humoriste qui n’arrêtait pas de rançonner les invités sur des histoires cocasses ou comiques qui leur seraient arrivées et avec lesquelles il espérait nourrir son spectacle. Ça m’a heurté, interpellé aussi parce que je ne travaille pas comme ça. Ce qui m’intéresse pour mon travail c’est tout ce qui ne se dit pas. Tout ce qui en crève de ne pas se dire ou de ne pas se produire. Je me situe vraiment à l’opposé de ce gougnafier.
Avec Sarah, on évoque cette librairie parisienne d’un snobisme rebutant. Le livre de Sarah était en un seul exemplaire bien planqué dans les rayons du bas ; 37, étoiles filantes n’a jamais eu le droit d’y prendre place. Ça me fait penser à ces auteurs ou ces journalistes qui sont les premiers à faire de grandes déclarations sur ce qu’est ou devrait être la littérature, mais qui sont incapables d’écrire une seule phrase que tu as envie de retenir.

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