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Writer’s life (39)
Pas de répit, je m’aperçois que je n’ai jamais pris de vacances depuis mes 17 ans (tout un mois de juillet aux USA. En avril de cette année-là, mes parents me demandent : où veux-tu partir cette année pour les grandes vacances ? J’étais amoureux d’une fille qui s’appelait Virginie, j’ai donc répondu : en Virginie.)
Jeudi j’ai écrit en une journée les 14 pages d’un nouveau script, un traitement pour le prochain film de MHM, je dois peaufiner des textes de chansons, un nouveau projet jeunesse hyper emballant, mais ces prochains jours je dois m’atteler à retoucher mon livre sur les Beatles, ou plutôt inspiré des chansons des Beatles, qui ressortira en début d’année prochaine aux Éditions Le Mot et le Reste. C’était en 2007, je venais de sortir mon premier roman, Yves Jolivet me contacte parce qu’il aimerait lancer une collection où des écrivains/auteurs racontent de manière intime leur rapport à un groupe de musique. J’ai tout de suite choisi les Beatles et imaginé faire un livre à la Richard Brautigan composé de petites nouvelles et de courts poèmes autour de leurs chansons. J’avais choisi pour titre « Le rouge et le bleu » qui fait référence aux deux albums emblématiques de compilation, et ce qui m’amusait aussi dans ce titre c’est que « Le rouge et le noir » est le deuxième livre de Stendhal. Je trouvais donc réjouissant que mon deuxième livre soit : « Le rouge et le bleu ». Oui, je m’amuse assez bien tout seul. Je dois rendre la nouvelle mouture, actualisée et augmentée, pour la mi-août. J’aimerais proposer, si tout va bien, un tiers de textes inédits par rapport à la version originale de 2007. En ce début de semaine, je commence aussi les interviews pour La petite sonneuse de cloches. C’est drôle comme mon prochain roman fait son chemin en moi, s’affine encore, même après son écriture. Chaque fois que j’en parle, je découvre une nouvelle façon d’en parler. Et où que je sois, il y a une partie de moi qui continue à être ce jeune Chateaubriand dépecé de tout qui marche dans les rues de Londres. Donc pas de vacances, pas de répit, et beaucoup de choses simultanées et stimulantes : stimultamulantes, en somme. Le + important est de : garder intactes la vitalité et la grâce de l’inspiration. Tenter de frapper fort et juste à chaque fois. Sur chaque projet.
Au sujet des Beatles, il y a le film de Richard Curtis et Dany Boyle qui a l’air épatant. J’aime beaucoup voir les gens s’extasier sur le pitch sauf que si vous proposez un truc comme ça en France : « Suite à un accident, un jeune homme se réveille dans un monde où les Beatles n’ont jamais existé » vous risquez de vous prendre dans la figure des « ce n’est pas réaliste », «pas crédible » etc. etc. En France, la plupart des producteurs semblent tellement attachés à ce qu’un scénario puisse être jugé crédible par TOUTE LA FAMILLE, que ça en devient démoralisant. Les rares retours de cinéma que j’ai eu pour tenter de faire adapter L’appel de Portobello Road étaient sur un registre identique : « Ce serait bien qu’il ait vraiment une sœur », « À la fin il devrait retrouver sa sœur réelle » etc. À chaque fois qu’on me sollicite sur des projets cinéma, j’ai envie de leur dire : « Bien sûr que ce n’est pas crédible, c’est de la fiction, pas du documentaire ! » et au final, la plupart du temps, je jette l’éponge, je me désiste en ayant l’impression de m’être libéré d’un poids énorme, et je reviens au roman où je me sens + libre. Même si dans la littérature actuelle, il y a quand même une tendance à récompenser ce qui est de l’ordre du témoignage, du doc, du fait de société, du fait divers, drame familial, etc. Ceux comme moi qui écrivent des romans, disons, d’imagination, doivent ramer + que les autres pour accéder à une certaine crédibilité, pour qu’on ne les juge pas trop fantaisistes. Mais l’important est de ne pas succomber aux sirènes du moment ni de trop s’en atterrer, l’important est de tenir la longueur et de faire des choses qui déjà sont crédibles pour soi.

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