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Writer’s life (115)
Patauds, oublieux d’eux mêmes, se prenant pour les rois du monde (ou du trottoir), inconscients du danger qu’ils peuvent faire subir aux autres…est-ce que la période actuelle me rend + sensible au comportement de nombre de mes contemporains, ou bien ai-toujours trouvé que beaucoup de personnes ne savaient pas se tenir ?
Si j’avais du temps à perdre j’appellerais toutes les sociétés qui m’envoient mails et textos pour célébrer la fête des mères, dans le genre «Trouvez le cadeau pour la combler de bonheur », pour leur dire : « Vous m’avez envoyé un mail, mais il doit y avoir erreur, ma mère est morte depuis six ans. » Ce serait une démarche assez surréaliste et drôle, si je puis dire.
Je travaille sur mon prochain roman à la manière de ce que je dis/montre/imagine de Giacometti dans 37, étoiles filantes. Parfois il travaillait avec modèle, parfois sans modèle. Disons que les périodes de confinement où le mouvement, les entailles, les apparitions, les éclaircies, telle rencontre tel sourire tel sentiment ne sont plus permis, s’apparenterait à travailler reclus dans un atelier. Dans les périodes où il travaillait sans modèle, il travaillait d’après souvenir. Mais quoi qu’il en soit, à chaque fois, le véritable effort était d’accorder sa vision, ce qu’il avait en tête au résultat qui se déployait devant lui, devant ses mains. Présence du modèle ou pas. Tout ceci m’intéresse tellement, c’est l’un des sujets de 37, étoiles filantes. Et un sujet qui apparaît chaque fois que je travaille : réduire la distance entre ce à quoi j’aimerais arriver et ce qui arrive. C’est quelque chose qu’on aimerait aussi, bien volontiers, pour la vie de tous les jours. Mais évidemment, cela se fait de manière moins harmonieuse que dans le travail, dans l’espace et le territoire rêvé du livre, car dans la vie de tous les jours il faut subir les obstacles de tout désir, les remontrances du hasard et les caprices du vent.
Je ramasse un bout de verre pour ne pas qu’un enfant se blesse, et quand je me relève une (très) jolie fille passe devant moi. Serait-elle apparue si je ne m’étais pas b(l)aissé ?

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