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 Writer’s life (149)


Dans le petit supermarché où je fais quelques courses il n’y a jamais (sauf à Noël) beaucoup de personnel, et il n’est pas rare qu’au coeur de l’après midi une file d’attente se forme devant l’unique caisse ouverte. À partir d’un certain nombre de personnes patientant et commençant à râler, la possibilité d’une deuxième caisse s’ébruite et là, dès l’annonce de l’ouverture, c’est la ruée des clients qui étaient dans la file. La plupart, même derrière moi, se précipite allègrement, le sourire aux lèvres d’avoir doublé tout le monde. Chez les vieilles personnes, ou disons d’un certain âge, il y a celles revêches et méchantes qui bien qu’arrivées dans les dernières vous doublent en vous toisant, se précipitant au risque de se briser quelque chose, et celles comme les petites mamies au chariot rempli qui disent : « Oh, ça ne sert à rien, on préfère rester là ». Je leur propose de passer avant moi, voire de les escorter jusqu’à la deuxième caisse, et elles me répondent : «  Non, c’est gentil, mais allez-y. » « Oh mais j’ai tout mon temps, réponds-je, je suis écrivain. Et en ce moment précis, je suis même en train de travailler. De voir ces personnes détestables qui étaient derrière vous et se sont précipitées pour vous doubler, me donne envie de revenir avec plus d’ardeur encore à mes livres dans lesquels je situe un monde plus supportable de mon point de vue. »
À dix ans déjà, je m’entends précisément dire à mes camarades de jeux : « Ma perplexité gagne du terrain »
Temps inquiets, tourmentés, cafardeux, incertains de toutes parts. Je m’accroche à mon roman, le termine, le peaufine. Dans quelques jours, je pourrais le faire lire. 

#writerslife

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