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 Writer’s life (156)


Nick Cave qui sort un disque le 20 novembre, seul au piano, voilà une bonne nouvelle dans tout ce marasme. Sortir du confinement en sachant jouer « Into my arms » au piano, est un nouvel objectif. 
Je picore le livre « L’enfance c’est… » le projet de l’illustrateur Jack Koch sorti au livre de poche, avec 120 auteurs (dont je fais partie) et qui donnent tous leur version de l’enfance. Beaucoup de jolies choses, ce qui est assez normal, j’ai l’impression que les rapports que nous entretenons avec les autres dans nos vies d’adulte sont équivalents à ceux qui nous définissaient dans la cour de récréation, et dans le cas où ils ont évolué, c’est souvent en réaction à. Dans le beau texte d’Hadia (Decharrière), il y a une phrase qui dit : « L’enfance, c’est l’amour dépourvu de la terreur de perdre ». Je trouve ça très beau. Vrai et pas seulement (voici sans doute une définition convenable de la beauté). Moi, par exemple, peut-être parce que je suis fils unique et ai eu des parents relativement âgés, j’avais parfois la terreur de les perdre. Je peux faire remonter des épisodes précis, quand j’y pense : une voiture qui déboule de nulle part, de nuit sur une nationale, et manque de nous foncer dedans. Les deux voitures freinent et dérapent. Mon père sort pour confronter l’individu, et moi à l’arrière qui n’ai qu’une peur, que le type sorte un couteau, frappe mon père, que tout bascule en une seconde ,ce genre de choses. Plus tard, quand je suis dans une librairie avec ma mère, que nous allons chacun vers un rayon, et que tout à coup je n’arrive plus à la retrouver. Où est-elle ? A-t-elle eu un accident ? Un malaise ? La terreur de perdre m’envahit, et puis je la retrouve assise car fatiguée, sur un siège mis à disposition par la librairie. Tant d’épisodes remontent, et même depuis que mes parents ne sont plus de ce monde, je crois que la terreur de perdre, comme l’enfance, ne m’ont jamais quitté. 
#writerslife.

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