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Dans 37, étoiles filantes je relate une anecdote qui concerne le peintre Fernand Léger. Il est attablé en terrasse à la Closerie des Lilas et voit passer sur le boulevard une jeune femme en robe de mariée perchée sur un vélo. Intrigué, il la hèle. La fille accepte de le rejoindre et lui raconte qu’elle s’est évadée de son propre mariage en prétextant d’essayer un des cadeaux (le vélo), qu’elle a suivi la Seine et s’est retrouvée dans Paris. Le peintre et la jeune femme vont passer la soirée ensemble. Fernand Léger finira par l’épouser. Dans 37, comme à cette époque, la majeure partie de ce qui arrive se passe dans et autour des cafés. Je veux dire : Paris sans ses terrasses, c’est la tristesse absolue. Je pense à ça en lisant Marcos Uzal dans les Cahiers du cinéma qui cite Vinicius de Morales : “L’art de la rencontre est la définition même de la vie”, et qui termine son édito par ce brillant : « Rendez-nous le hasard, sinon nous étoufferons ». Il est vrai que le hasard, la rencontre, réconcilient la réalité et la fiction, c’est le voyage sans la pénibilité du voyage (où est-ce que j’ai fourré mon passeport ? quel livre dois-je emporter ? ce genre de trucs). Paris sans ses terrasses me démoralise au plus haut point.
Je viens de rendre le texte de mon petit éloge du baiser à Aude, et je m’aperçois que sont inclus dans ce petit éloge du baiser : le petit éloge de la rencontre, le petit éloge du hasard, et le petit éloge de la vie (entre autres).
Tout semble à l’arrêt - ou pire qu’à l’arrêt, au mièvre ralenti, et je continue pourtant à recevoir de stimulantes propositions éditoriales. il faut que je m’organise, me fixe un calendrier. Trouver aussi une pertinence entre ce qu’on me propose et les projets que j’ai en tête (sur le coeur, serait + juste) et ai envie d’initier.
Un truc que j’ai bien aimé faire dans 37. Alberto offre une statue miniature à Julia (avant guerre, c’est sa période des sculptures minuscules), et il lui dit : « C’est vous ! » Avant de préciser : « Enfin, c’est ma place par rapport à vous. »
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