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Writerslife (166)
Quand j’entends sur France Culture ou ailleurs des écrivains que j’ai rencontré ici ou là, j’ai l’impression que ce sont des versions adultes des personnes que je connais.
Je m’aperçois que je ne suis jamais séduit par l’intelligence ou le talent tant que ce n’est pas associé à de la bonté. De la générosité, de l’humilité, et surtout : de la fantaisie.
Je termine de lire les romans pressentis pour la sélection du Prix du roman de la nuit. J’ai un favori mais ce n’est pas forcément bon signe car tous les livres que j’ai défendus bec et ongles les années précédentes ont fini dans les choux. Mais bon, c’est toujours plaisant de voir un joyeux jury littéraire s’étriper pour des phrases.
Dans mes ateliers d’écriture textes courts et nouvelles, une des question qui m’est souvent posée est : comment se faire publier ? Grâce aux éditions de l’Archipel, j’ai une réponse qui dispense même de passer par l’atelier d’écriture : séquestrer Kim Kardashian. Je n’en reviens toujours pas de la publication d’un tel livre et de la complaisance médiatique qui l’accompagne et qui en dit tellement plus sur la société contemporaine, ou la voyouterie ordinaire, que ne pouvaient le faire autrefois en des temps moins vulgaires (qu’il me semble n’avoir jamais connus) les véritables écrivains.
Souvent, je dois calmement attester du présent pour me dire que mes parents sont morts. Je me surprends moi-même à les imaginer dans la pièce d’à-côté (après tout, cela a été ma condition normale de fils unique, dans ma chambre d’enfant, puis d’adolescent), ou dans une voiture en stationnement, au téléphone quand tombe le soir, ou quand j’arrive dans une gare où je me dis que mon père sera là pour m’accueillir et me ramener à la maison, et qu’il n’y a personne, ou pas mon père en tout cas, pour m’attendre. Combien de fois il m’arrive de guetter cette voiture et cette silhouette qui ne sont pas là ? Je dois souvent, comme ce soir, faire un effort conscient pour me dire que ce que je suis aujourd’hui existe dans un système différent que celui que j’étais quand j’avais encore mes parents.
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