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Après l’atelier à l’École Les Mots, je vais prendre le thé chez Marie. Devant la vue splendide sur l’Observatoire, je lui dis : tu ne crois pas qu’il y a au moins un des types là-haut qui a fini par braquer son télescope sur toi, sur tes allées venues dans l’appartement ? Que ça l’intéresse plus que l’immobilité des étoiles.
L’autre jour, je racontais à deux personnes comment mon premier éditeur Stéphane Million m’avait proposé de faire un roman en lisant ce que j’écrivais sur internet, et les deux filles se sont exclamées : « ah, tu n’as pas fait d’effort, alors ? ». J’ai réagi en tordant ma bouche en point d’interrogation « D’effort ? Mais voyons, l’effort ce n’est pas se faire repérer, c’est écrire, mener à terme un projet d’écriture. Il est là, l’effort !»
Aujourd’hui, je me suis souvenu de la période de ma vie, quand j’habitais Auteuil, où j’achetais des fleurs pour ma mère, quand j’allais lui rendre visite, deux fois par semaine. Le dimanche aussi. Des Lysanthius, des tulipes, des roses. Les vendeuses du grand fleuriste de la porte d’Auteuil me connaissaient bien. C’est une période que j’avais oublié. Qui ne m’était plus passé par la tête depuis longtemps. ET ce matin, pourquoi ?
La rue, les sensations, les rencontres. Ce que je capte et qui part directement dans la dernière partie de mon nouveau nouveau roman. Je crois que l’écriture vient toujours d’un état de sidération. Sidération devant un visage, pour une silhouette, une attitude, une blessure qui souvent se découvre, un geste qui vous émeut. Une histoire d’amour entrevue. Et l’écriture existe aussi pour revenir à soi. Parce qu’il s’agit de revenir à soi sans être définitivement troublé par l’autre. Sidéré sans retour. Puisqu’on ne peut pas être définitivement troublé par l’autre. À moins de vouloir vivre dans un livre de Marguerite Duras, ce n’est pas supportable. Pour personne.
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