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Writerslife (192)
Ma tante Christiane a vécu la dernière partie de sa vie dans un deux-pièces modeste en rez-de-chaussée, dans un petit lotissement d’Etterbeek. Quand elle fut la dernière des Collas a être de ce monde, j’allais lui rendre visite une journée tous les 2 mois, je prenais le Thalys, et je me souviens un jour de grève être allé à pied jusque chez elle juste pour le déjeuner, depuis la Gare du Midi en passant par l’interminable chaussée de Wavre, aller-retour plutôt onirique sous la bruine. La soeur de ma maman avait tenu un temps un magasin de disques avec son conjoint, et l’affaire avait péréclité, elle vivait depuis avec une retraite de la taille d’un dé à coudre. Du vivant de ma mère, on lui envoyait des tas de colis pour Noël. Des vêtements chauds (en hiver elle ne mettait pas le chauffage par souci d’économie) et des livres, beaucoup de livres, car la fiction fait disparaître le temps trop pesant des jours successifs. À chacune de mes visites, je continuais à lui apporter des romans et des trucs bons à manger. En dehors des livres, sa grande et unique passion était : « Plus belle la vie ». Elle ne manquait jamais un épisode. Je pense à elle car dans l’attente du JT, il y a une promo pour un énième épisode de « Plus belle la vie ». J’ai un sursaut et je me dis : « Mais comment osent-ils encore poursuivre leur série ? Tant Christiane n’est plus là pour la regarder. »
Au JT, avalanche de calamités. Je me réfugie sur Youtube dans une émission fabuleuse qui traite des différences cruciales entre le Devon et le Cornwall au sujet du Cream tea. Dans le Cornwall on place la confiture de fraise en premier sur le scone et la crème par-dessus, tandis que dans le Devon c’est l’inverse.
Je relis quelques bribes du Petit éloge du baiser. Plein d’instants, de souvenirs, de rêves, de désir, que j’aime voir y figurer. Des trucs précis. Hâte de la sortie.
Jardin des Plantes, sur les marches d’un des pavillons. Une jeune femme brune, d’une beauté aussi simple qu’exceptionnelle. Elle raconte quelque chose à un type, et il se dégage d’elle une telle intensité que j’ai l’impression qu’elle lui révèle l’emplacement de la dernière des six cités d’or.
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