204

 Writer’s life (204)

Londres me manque (terriblement), d’autant plus dans la nullité totale de Paris au moment de noël. Une tristesse aussi plate que le jardin des Tuileries. Et, à Paris, je trouve les gens mal élevés, ils veulent être premiers partout (crétins), ils vous foncent dessus (même les vieux), ils ne durent pas.
Pourtant Paris reste mon territoire et celui du roman à paraître. L’âge des amours égoïstes. Hier après-midi, aux Deux Magots, je disais à Carole et Baptiste combien depuis toujours, depuis le début (du monde et de la poésie) mon territoire se situe dans ce triangle des Bermudes formé par les boulevards Saint-Michel, Raspail et Saint-Germain. By the way, la fille qui se promène entre les banquettes du Café pour proposer un plateau de pâtisseries à l’heure du goûter, j’ai trouvé ça très stylé. La fille, la proposition, et les tartelettes.
Dans mon portefeuille, il y a cette photo de ma maman en première communiante à Liège. La photo s’abime à mesure du temps, et les souvenirs avec mes parents restent intacts, dans une chambre intacte, quelque part, où parfois je m’abîme (les yeux / au bord des larmes). Une maison à trois où je ne suis plus que le seul témoin, le feu dans la cheminée, mes parents qui se passionnent pour leur jardin, la couleur des arbres en automne, les briques de la maison, moi dans ma chambre, occupé à jouer avec des figurines et m’inventer des mondes, déjà des histoires. La porte de l’entrée s’ouvre, quelqu’un rentre du jardin. Je trouve étonnant ce rapport d’avoir été un enfant unique surprotégé, faisant territoire de sa chambre d’enfant, et la vie qui est la mienne aujourd’hui où je suis projeté (protégé puis projeté) dans plein d’aventures et de visages différents, de rencontres, d’histoires, de segments, de passages, tout en gardant cette stabilité, cette constance et cette douceur, l’acuité aussi, de ma chambre d’enfant. La nuit est toujours vive, soudaine, emplie de promesses ou de fantômes. Mais tout semble authentique, perdure, à la différence que mes parents restent dans le jardin, ils ne rentrent plus jamais à la maison.

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