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Writerslife (206)
Finalement, je crois que mon coeur penche toujours vers les personnes qui n’ont pas besoin de la faveur ou de l’approbation des foules pour exister.
Je n’arrive pas à me faire à l’idée que je ne verrais plus Jean-Paul (Didierlaurent) l’été prochain, pendant les nocturnes littéraires en Morbihan. Cela dépasse mon entendement, me tracasse tous les jours. Et puis, dans cette famille à courants d’airs des écrivains, il n’est pas si fréquent de trouver des personnes avec lesquelles s’établit tout de suite une entente malicieuse et spontanée, une intelligence, une complicité naturelle, à mille lieues de toute posture.
En rentrant de la journée SP fin décembre, j’ai le roman avec moi et je me dis : Mince, c’est un livre qui continue à souffrir alors que je le tiens dans les mains. Enfin je veux dire, pas vraiment souffrir mais palpiter, son coeur bat encore, rouge après l’écriture.
Je dis à une journaliste que mon vrai souhait est d’écrire des livres qu’on a envie d’emporter avec soi, et dont parfois on retarde un peu l’avancée de la lecture, pour le bonheur d’y revenir, le garder le + longtemps possible près de soi. Un peu comme on écoutait un disque autrefois. Dans mon journal de 2004, je retrouve un mot d’une spectatrice d’un de mes concerts qui m’avait écrit : « On se sentait un peu intouchable par le monde extérieur, à tes côtés ». Eh bien, c’est exactement ce que j’aimerais faire avec les livres.
Charlotte a raconté à Sandrine qu’elle se souviendra toujours que quand je lui ai envoyé mes ultimes corrections pour « L’âge des amour égoïstes », elle a été frappée par cette demande : Page 178 : Pour + d’intensité, je changerai le « Bien sûr », par un « Oui »
En fait, ce changement était si capital pour moi que je n’en ai pas dormi de la nuit, j’étais dans l’impatience de sa confirmation, j’avais peur que Charlotte n’ouvre pas assez rapidement son mail, que le livre soit déjà parti à l’imprimerie, que ce « bien sûr » reste pour toujours entre les pages, j’en aurais été malade, inconsolable, anéanti. Changer ce « Bien sûr » pour un « oui » a été pour moi, au bord de voir le livre prendre sa forme définitive, plus crucial que tout. Bien sûr. Oui.
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