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Affichage des articles du avril, 2022

216

  Writer’s life (216) Cette haute fille au pull nuage qui est descendu dans la campagne de Meuse TGV. Win Wenders fait des films pour moins que ça. Hey Monsieur Gallimard, c’est bien joli de publier la correspondance de François Truffaut avec des écrivains, mais ce qui nous intéresse vraiment c’est sa correspondance amoureuse. Dans un festival du livre deux médecins (qui publient des livres) se foutent de moi parce que je porte un masque. « Ça ne protège que les hypocondriaques, voire ça protège encore mieux les paranoïaques ! ». Ok, les gars. Je les ai écoutés se gausser et ne leur ai pas fait le plaisir de me démasquer devant eux. De toute façon, il n’y a que dans mes romans que j’avance à visage découvert. J’alpague Baptiste (Beaulieu) parce que je suis patraque depuis trois semaines, calculs rénaux et lymphocytes en fuite pour parler de manière truffaldienne. Baptiste regarde mes analyses de sang entre deux dédicaces de ses romans et me rassure, ce qui me redonne un shoot de bi...

215

  L’innombrable et singulière beauté de cette fille qui déambule à 13h30 rue de Rivoli, ses pointes de cheveux de la même couleur que celles des grilles qui mènent à la cour carrée du Louvre. Je rachète pour la énième fois Les Vagues de Virginia Woolf en poche dans la traduction de Marguerite Yourcenar, pour affronter les transports, les rues, et toutes ces sensations, ces fragments de jambes et de visages qui s’offrent au beau soleil de printemps. L’autre jour dans une rencontre (littéraire) le modérateur me demande quelles sont les injonctions de mon personnage. Il avait posé la même question aux deux autrices invitées qui y avaient d’ailleurs répondu au sujet de leurs héroïnes de manière très professionnelle. Puis est arrivé mon tour et je n’ai pas osé dire que je ne comprenais pas la question, tellement aussi il me semblait être entouré de professionnels. Je ne savais pas du tout ce que cachait ce mot : injonction. J’ai bredouillé un : en fait mon héros ne répond à aucune injon...

213

  Avec Mélanie (Isaac) on se remémore des mots de patois wallon. Elle me parle du mot : grandiveu pour dire que quelqu’un se la raconte. Je jubile et lui dis : « Mais tu n’imagines pas le nombre de types que je rencontre qui se la racontent, c’est génial, je vais l’employer tout le temps. Il est grandiveu celui-là ! » À Metz, lors d’une rencontre en public, Maria (Pourchet) explique que quand elle a sorti son premier roman et que inconnue pas grand monde ne venait la voir en dédicace, un auteur qui attirait beaucoup de public lui a donné ce conseil : « Si tu veux que ça fonctionne, il faut faire comme Houellebecq dans ses livres, tu mets une fellation toutes les dix pages ! ». Quand ce fut mon tour de prendre la parole j’ai dit au public que je comprenais maintenant pourquoi mon dernier roman a bien moins de succès que celui de Houellebecq sorti le même jour. Au Gaya, rue Saint-Simon à Paris, réception en l’honneur de Valérie (Tong-Cuong) qui reçoit l’ordre de Chevalier des Arts et...

212

  Lorraine (Fouchet), dans sa grande et habituelle générosité conseille à ses lectrices d’acheter mon dernier roman. L’une d’entre elles lui rétorque : «Je viens vous voir vous car vos livres m’emmènent toujours au bord de la mer. » Lorraine la regarde et lui dit : « Peut-être, mais Jérôme vous emmènera au bord de l’amour ! » Après un début remarqué, prometteur et fracassant, en janvier dans la liste du prix littéraire RTL/LIRE, L’âge des amours égoïstes a été boudé de façon spectaculaire (pour moi) de toutes les listes de printemps. Ce qui me rend, me laisse, assez perplexe. L’autre jour, dans un festival, je vais voir un auteur que j’aime beaucoup pour lui dire combien j’ai trouvé un de ses livres magique. À peine s’il me formule un merci pour aussitôt me dire en désignant ses livres de la main : « Eh bien la suite est là ! ». Hum ! En fait, je me doute bien qu’il y a une suite à ce livre qui remonte à plusieurs années. Sur le moment, je n’ai pas du tout envie qu’il me dise « Eh ...