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 Je suis heureux d’être lauréat du prix d’aide à la création littéraire de l’Académie Française, ça change de toutes les fois où j’ai demandé des aides à l’écriture au CNL sans les obtenir et m’obligeant, en plus, à me farcir les commentaires désobligeants sur mon travail de tel ou tel écrivain obscur présidant la commission d’aide.

L’autre jour j’ai discuté avec une fille, célibataire, libre - car on peut aussi bien être en couple, libre par ailleurs - qui me racontait que ça la fatiguait par avance de retomber amoureuse. Pour la raison qu’il allait falloir à nouveau raconter son histoire - son passé, son job, ses manies, ses fantasmes, ses ex, ses tares - à sa nouvelle ou son nouveau partenaire. J’ai trouvé ça à la fois drôle et sensé, et très proche d’une démarche d’écriture, se raconter à nouveau. Dans la rencontre amoureuse se donner un corps par le récit avant de recevoir le corps de l’autre ou d’accepter son propre corps entre les mains de l’autre. Très proche de l’écriture parce que tomber amoureux s’apparente aussi à s’inventer à nouveau en restant soi, le peu de soi obtenu avec ce qu’on est, et le plus possible.
J’ai traversé Paris et il y avait aujourd’hui une quantité impressionnante de jolies filles promenant des chiens en laisse, Boulevard Raspail, Place Vendôme, Avenue Gabriel, comme si par un sortilège providentiel tous leurs types s’étaient transformés en clebs et qu’ils cavalaient essoufflés, guillerets ou penauds, à ras le trottoir.
Au festival Des Livres et des Artistes, un homme élégant vient me prendre un volume d’Alcie dédicacé pour sa petite fille et me dit ensuite : « Ce qui est bien avec vous, c’est le plaisir d’échanger autre chose que des banalités. »

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