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Quand je vois avec répugnance dans le métro ou le train des gens bâiller sans mettre la main devant la bouche, je pense toujours à la fois où je me suis fait virer (définitivement) d’un cours de chant parce que je refusais de participer à l’exercice qui consiste à décontracter sa mâchoire en bâillant la bouche ouverte. Eh bien quoi ! Je n’allais pas cramer toute une éducation pour un destin incertain et volatile de chanteur.
Dans un café de ces débuts de janvier lents à la détente, le ciel crème avant les grands froids, une amie de Lise me demande au sujet de mon nouveau roman si au bout de ces neuf rencontres, il y a un twist. Un twist ? Oui, dit-elle, c’est très à la mode et ça se vend beaucoup les romans avec un twist à la fin. Hum d’accord. Ça se vend plus qu’Oliver Twist ? Ma bonne blague ne la faisant rire qu’à demi, je lui affirme qu’il y a dans ce roman un twist à chaque phrase. En fait, dans chaque phrase, chaque mot danse le twist.
J’ai appris la disparition d’Elise Fischer. Je ne la connaissais pas avant qu’elle anime une rencontre à la librairie le Hall du livre à Nancy autour de mon livre : « j’aurais aimé être un Beatles. » Elle avait eu la délicatesse de lire mes autres romans pour préparer le rendez-vous, et je me souviens d’un échange fluide et beau, d’une grande sensibilité, et aussi qu’elle avait fait un gâteau. Azziz m’envoie un mot en disant qu’elle lui avait confié que j’étais un de ses chouchous. Avant cette rencontre, je n’avais aucune idée - ignare que je suis, qu’Elise Fischer avait une importante oeuvre romanesque, et j’étais loin de me douter que j’étais devenu grâce à mes romans un de ses chouchous. On passe à côté des gens c’est terrible. On passe à côté de tellement plus de personnes qu’on n’en rencontre. Je parle du gâteau à Azziz et je me dis que tous les modératrices et les modérateurs de rencontres littéraires devraient être sommés à chaque fois de faire un gâteau maison. Ce serait la jurisprudence Elise Fischer.
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