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J’ai appris que JB s’est donné la mort. Je l’ai appris à une soirée du festival de Toulon, alors que je baguenaudais parmi les visages, un auteur est venu vers moi et m’a donné cette funeste information dont je n’ai su que faire dans le contexte, à part être totalement abasourdi. La dernière fois que j’avais eu JB au téléphone j’étais dans un parc, et des perruches sauvages étaient venues se poser sur une branche tout près de moi. Elle étaient restées là le temps de la conversation. JB m’avait parlé d’un scénario qu’il voulait qu’on écrive ensemble d’après un livre de Zep avec qui il était en contact. La première fois que JB m’avait contacté c’était à l’été 2020, il voulait coécrire avec moi un spectacle de jazz d’après une émission culte en Suisse : Jack Rose, à laquelle il avait participé à la RTS où il travaillait. Je ne le connaissais pas, pas plus que l’émission, mais il m’apprit qu’il voulait absolument écrire avec moi grâce à mon livre : « J’aurais voulu être un Beatles » dont il venait de terminer la lecture. Il avait été ému par le passage où Paul McCartney va apprendre l’accord de SiB7 chez un étudiant, un accord qu’il échange contre un disque d’Elvis qu’il a en double, et quand il est sur le point de rentrer chez lui, du fait que tous les intérieurs anglais se ressemblent, en bas de l’escalier avant d’ouvrir la porte d’entrée il croit reconnaître sa mère, décédée il y a peu, qui chantonne dans la cuisine. Cette scène l’avait profondément marqué. Depuis, il offrait le livre à toutes ses connaissances. Son enthousiasme m’a convaincu de dire oui, même si je ne suis pas un expert en Jazz. Un an plus tard le spectacle s’est joué, et JB m’a fait visiter Lausanne par un après-midi ensoleillé. (J’y étais passé en coup de vent en 2005 pour enregistrer Radio Paradisio). Des hauteurs jusqu'au lac selon un itinéraire choisi qui révélait des demeures fabuleuses, des parcs, des passages secrets. Il m’avait parlé de grandes difficultés dans sa vie perso, mais la création le stimulait, les projets toujours, d’autant que le spectacle sur lequel nous avions travaillé avait pu voir le jour dans un délai raisonnable. Il était aussi lié à Laurent Voulzy, il est le seul à avoir filmé un moment de création qui n'est pas "pour la caméra" entre Souchon et Voulzy, le seul à avoir saisi un moment véritable, et il le gardait dans ses archives comme un trésor.

Je vais beaucoup penser à lui en cette période de Noël où les amis disparus, la famille disparue, reviennent se blottir contre nous, nous qui continuons à habiter ce monde de projets.

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