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Writer’s life (37)
Au salon du livre de Vannes, déjeuner avec Mélissa, joueuse de foot professionnelle qui vient de sortir une autobiographie chez Robert Laffont. Tout de suite, on s’est très bien entendus. Nous parlons du match : américaines contre thaïlandaises. Je lui dis qu’elles ont été un peu loin dans l’humiliation avec leurs 13-0. Mélissa soutient que respecter son adversaire c’est montrer qu’on ne joue pas petit bras. Pour elle, dans le sport, c’est une marque de respect de jouer son jeu à fond. Et quand tu domines au foot, ça se concrétise par des buts. Je lui dis que de mon point de vue si tu es supérieur à ton adversaire tu ne lui mets pas 13-0. Tu t’arranges pour un petit 2-0 à la rigueur. Toi tu sais que tu es supérieur, mais tu n’écrases pas. C’est ça, la classe. Mélissa me regarde avec tendresse et me dit : «Toi, en fait, tu n’es pas du tout sportif ! » J’admets. Mais j’accepte son opinion, comme quoi, mine de rien, je suis sport.
Impossible d’ôter de mon poignet le « bracelet auteur » qu’une fille de l’accueil m’a attaché. Jean (Teulé) finira par me l’enlever avec un couteau à découper la volaille et le homard dans la cuisine personnelle du chef étoilé Jacques Thorel.
Une dame me dit : « Vos romans me tentent beaucoup mais je peux pas tout acheter. » Je lui réponds : « Ne vous en faites pas, je travaille beaucoup, j’ai envie d’écrire des livres donc on se reverra. Ne vous en faites pas. »
Quand je m’aventure dans un quartier, une rue, de Paris où je n’ai pas mis les pieds depuis longtemps, tel café, telle adresse, me rappelle un rendez-vous de travail qui n’a débouché sur rien. Que de temps perdu - et irrattrapable - avec des gens qui m’ont sollicité pour des projets qui n’ont jamais vu le jour. Bizarrement, quand telle rue ou tel café me rappelle un rendez-vous amoureux, même s’il n’a débouché sur rien, même si je me souviens, précisément avoir pleuré dans les années 2000 toutes les larmes de mon corps à l’abri du métro aérien station Sèvres-Lecourbe alors qu’il pleuvait à torrents dans Paris, je ne considère pas ça comme du temps perdu. Voilà, pourquoi sans doute, je peux être considéré comme un romantique.

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