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Writer’s life (88) Dans le TGV, le fracas des morceaux de glace qui se brisent sous la puissance du train. J’ai la sensation de partir en expédition vers les contrées du nord avec José Arcadio Buendia dans le roman de Gabriel Garcia Marquez : Cent ans de solitude, (ou, + effrayant, dans The terror de Dan Simmons) sauf que je vais à Nancy intervenir en fac de lettres et donner des ateliers d’écriture. Tous ces livres sur lesquels on met dorénavant un « bandeau » dès le départ. Ces livres qui aguichent par un slogan, qui font les rayons et les tables comme on fait le trottoir. Peut-être qu’il y a des livres dont le secret espoir est d’échapper au « bandeau » qu’on leur colle à l’origine. Un bandeau, un bâillon. Écrire, combat la volatilité de tout. Le manque de permanence, le manque d’adhérence, le visage changeant des êtres, des choses, des paysages. L’interaction déçue. La violence d’une réaction qui déraille. La violence qui s’invite quand vous n’avez rien demandé, la violence du système, la violence de la rue. L’impossibilité d’un baiser. Un amour en pointillés. La place que vous ne trouvez pas, dans le monde, avec l’autre. Mais écrire n’est pas qu’un combat. Vous êtes le bâtisseur d’un empire ou d’une cathédrale qui s’appelle le roman à venir et vous commencez à partir d’une émotion qui peut être aussi fragile qu’une brindille. Écrire, est aussi de l’ordre du parc ou du jardin car à l’intérieur il y a toujours quelque chose qui demande à éclore. Parfois un cri. Comme dans une chanson de John Lennon. Un cri qui demande à éclore. Dans le Deauville-Paris, une fille à la chevelure extraordinaire (qu’elle a cachée, à l’arrivée, sous un bonnet blanc). Qu’est-ce qu’une fille à la chevelure extraordinaire fout dans un TER qui revient de la mer un mardi soir ? Et, est-ce que la mer, quand elle arrive à destination, se coiffe d’un bonnet blanc ? Oui, peut-être. Les gens qui ne voient pas la virilité qu’il y a dans la douceur ont la plupart du temps un problème d’alcool. #writerslife

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