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Writer’s life (101) Période épuisante. Rendez-moi le pouvoir de tomber légèrement dingue de filles frôlées dans les fêtes, aperçues dans la rue, examinées en douce pour une parole échappée dans une conversation au café, rendez-moi la possibilité qu’une fille qui me plait s’endorme sur mon épaule au retour de quelque chose d’intense, rendez-moi le soleil intérieur, la brûlure que je tais, rendez-moi la pâleur de prier en secret pour qu’une fille dont la présence sur terre me bouleverse s’assoit à côté de moi dans un bus ou un train, à l’arrière d’une auto, rendez-moi ce que je préfère dans l’existence et que je n’ai jamais dissocié de l’écriture. Ce nouveau rituel : prendre des nouvelles sur Facebook des ami(e)s ou connaissances contaminés par le virus (de + en + nombreux), lire aussi les journaux intimes qui pullulent sur la toile. J’ai toujours eu un goût pour le journal intime en tant que genre littéraire. J’ai tenu le mien en ligne de 1998 à 2014. C’est un formidable terreau d’écriture. Pourtant les journaux que je lis actuellement dérivent très vite du côté intime au côté extime. Ils subissent la pression, souvent la foudre, des commentaires, du qu’en-dira-t-on, de l’ironie et du sarcasme. Ils perdent ce qui justement doit en faire leur force : qu’ils nous isolent le temps de la lecture de l’angoisse dans laquelle nous sommes en permanence plongés. Le « Je » du Journal intime devrait toujours résonner en « nous », non tant par ce qu’il raconte que vers là où il nous entraîne. C’est l’aventure d’un tête à tête. Adorable message de Fabienne qui me dit qu’elle a rêvé de moi et qu’elle s’inquiétait parce que j’étais, dans son rêve, tout triste. Je lui dis que c’est sans doute mon fantôme chagrin, comme ceux qu’il y a dans Alcie, qui a voulu se dégourdir les jambes, et que je suis heureux qu’il ait choisi un rêve de Fabienne pour le faire, qu’il a dû s’y sentir en sécurité. Un beau message de René qui a dû reporter un tournage et tente de travailler sur un nouveau roman : ce drame c’est au moins « une façon de nous rappeler que nous appartenons tous à la même espèce : l’espèce humaine, qu’elle est fragile et que la mort n’a pas de patrie ». Reçu aussi un mail étrange de Netflix qui me dit : « Don’t forget to finish sex education ». #writerslife

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