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Writer’s life (97) Inquiétude en recevant les messages d’ami(e)s de + en + nombreux à être testés positifs au coronavirus ou à se mettre volontairement seuls en quarantaine après avoir fréquenté quelqu’un déclaré positif. Grande fatigue et désarroi, le contrecoup de toutes ces semaines de travail, d’emballement, d’excitation pour la sortie d’Alcie stoppée en plein élan. Charlotte et Fred me rassurent. Me disent que tout va reprendre de + belle dans quelques semaines. Il y a aussi les annulations successives de festivals et le chagrin de personnes avec qui j’entretiens des liens amicaux depuis plusieurs années. À chaque événement qui s’annule, j’ai l’impression d’être sur le pont avec les organisateurs, de partager leur peine et leur dépit. Ainsi, d’annulation en annulation, je commence à avoir le moral à fond de cale. Hâte de repartir sur les routes défendre Alcie et la faire connaître, hâte de pouvoir enfin voyager avec elle. Charlotte me demande si j’ai réussi à rejoindre un lieu que j’aime, une maison, avant l’annonce du confinement. Je lui dis que depuis quelques années ma maison est dans le mouvement. Dans mes livres, aussi. J’ai écrit deux romans qui ont pour thème majeur le home à l’anglo-saxonne : Les jonquilles de Green Park, et l’appel de Portobello Road. Si je pense à l’existence d’une maison pour moi, je me revois adolescent au retour d’étés successifs passés en séjour linguistiques sur la côte Est américaine. J’adorais le jour du retour à Marsinval : ma mère me préparait plats et gâteaux préférés, et je regardais seul ou avec mon père les films qu’il avait enregistré durant mon absence sur son magnétoscope JVC. Mes parents travaillaient dans leur jardin, j’écrivais des bribes de chansons et des scénarios de films d’une ou deux pages. Il y a une longue fille brune en imperméable qui passe sous ma fenêtre, dans la rue déserte. Je me dis : Qu’est-ce qu’elle fabrique avec un imperméable par un temps pareil ? Et aussi : ça doit bien être la première fois depuis longtemps qu’une fille peut se promener toute seule en pleine rue sans se faire emmerder. #writerslife

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