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Writer’s life (114) J’adore la phrase de Lemony Snicket qui dit qu’un livre est comme la bouche d’un alligator, et que si vous en voyez un ouvert il y a de très fortes chances pour que vous finissiez par disparaître à l’intérieur. C’est une très bonne façon de concevoir les livres, à la fois pour le lecteur et pour l’écrivain. Gilles de la librairie Le Marque Page m’a envoyé un très beau livre de Jacques Poulin, seule lecture qui m’a donné un peu d’espoir pendant ce confinement et, après Aurélie de la librairie La Pléiade, Brigitte, Frédéric et d’autres libraires, je reçois ce matin un message adorable de Florence et Alexandre de la librairie PortMaria à Quiberon qui me disent simplement que leur librairie à réouvert aujourd’hui et qu’ils vont se faire un plaisir de défendre mes livres. C’est merveilleux ce lien entre les libraires et les auteurs, je trouve que ça redonne beaucoup d’espoir, au même titre que la fidélité des lectrices et des lecteurs, ça empêche de tomber parfois dans le terrier du lapin d’Alice où on a la sensation que tout ce qu’on fait ne produit que de l’incompréhension ou de l’incohérence. Marie-Hélène pense que cette période va sonner l’alerte chez les médias, qu’ils vont se rendre compte qu’ils invitent toujours les mêmes têtes, et que faute des traditionnels people qui font la circulation aux heures de pointe (notamment en l’absence de promos pour les sorties ciné ou théâtre), ils vont devoir sans doute se tourner vers davantage d’écrivains et vers des personnes qui sont moins exposées. Hum. J’aimerais que ce soit vrai mais suis moins optimiste. Quoiqu’il en soit, elle me dit que c’est un vrai sujet (elle a lu notamment que Tatiana l’avait abordé dans une interview) et que je devrais me faire porte-parole en quelque sorte de tous ces créateurs qui travaillent tout le temps et qui, pourtant, faute d’un éclairage à la hauteur, restent assez marginaux. D’habitude, toutes les choses qui me manquent dans ce qui arrive, je les mets dans l’écriture du livre en cours. En ce moment rien n’arrive, et donc l’écriture devient le territoire d’un manque encore plus abondant, si je puis dire. Une déflagration de manque qui donne à mes personnages la mélancolie pour colonne vertébrale. #writerslife

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