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Writer’s life (116) Je ne sais pas si c’est l’influence ou la pression envahissante de ce jour de la fête des mères, mais je suis en train de travailler sur la fin d’un nouveau roman (pour l’année prochaine) (60 000 mots en trois mois, voilà, c’est bientôt terminé) et tout d’un coup, je me vois, enfant, sur le parvis de l’église de Verneuil-sur-Seine après avoir assisté à la messe avec ma maman, je regarde l’heure, 12h04, c’est tout à fait cohérent, ce flash correspond à l’heure qu’il était et qu’il est, et, si je creuse un peu cette image qui surgit, je peux revivre nos courses au marché sur l’esplanade à côté, l’effervescence et le climat de ce marché, je peux retrouver l’ordre exact des étales qui se succèdent, le poisson rouge que je choisis et qui va se retrouver dans une petite poche en plastique gorgée d’eau, la file d’attente devant la boulangerie en contrebas, l’odeur de la voiture, l’odeur du parfum de ma mère (Opium, d’Yves Saint-Laurent) et je peux revivre le trajet jusqu’à Marsinval et tout ce qui suit, l’apéritif sur la terrasse, les bouteilles d’Américano et de Cinzano de mon père dans le meuble MB en bois agrémenté d’un bar coulissant (que j’ai dû céder dans un déménagement, un crève-coeur), l’oeuf mayonnaise ou mimosa que je vais piocher en douce sur le plat de hors d’oeuvres qui patiente dans la cuisine, cela est si lointain et pourtant si envisageable, mentalement, je peux faire le geste d’ouvrir une porte et me retrouver là, intact dans ce contexte pourtant désagrégé, à l’instant où cela surgit, tandis que je suis concentré à tout autre chose. Qu’il s’agisse d’un épisode d’il y a six mois et d’un tout autre ordre, ou de ce temps ancien de l’enfance, la possibilité de me retrouver intact dans un monde disparu vit en moi de manière parallèle et possible à ce qui arrive d’inédit (parfois de beau, et de valable) dans chaque journée qui s’en vient. #writerslife

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