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 Writer’s life (137)


Dans l’idéal, j’aimerais faire une rentrée littéraire chaque année. Je n’en ai pas cette année, mais ne serai quand même pas absent des librairies (2 nouveautés jeunesse, une en septembre, l’autre en novembre). Évidemment, pour la rentrée littéraire chaque année, c’est mieux si on a des soutiens déterminants et des ventes conséquentes (ce qui n’est pas -encore - mon cas), ça limite la noyade, la sensation d’insuccès, les épaules de plomb. Et, tant que l’inspiration est là (et le travail et la sincérité) et qu’on est heureux de ce qu’on produit, sincèrement heureux - je parle délibéremment de bonheur plutôt que de satisfaction, car il n’y a que les cons qui sont satisfaits d’eux-mêmes, ou ceux qui ne se relisent pas, ou ceux qui lisent en public des extraits de leurs textes avec la même assurance qu’ils envoient par sms des photos de leur corps à une ou deux groupies des premiers rangs - tant que l’inspiration et le bonheur sont présents, une fois le texte rendu à son éditeur, je ne vois pas où est le problème. Quand on critique Amélie de sortir un roman à chaque rentrée, j’ai toujours envie de demander : «Est-ce que vous seriez allés emmerder Enid Blyton parce qu’elle a écrit + de 600 livres ? ».
Quand je vois, au hasard de mes déplacements, un appartement bien situé, avec une belle vue, je pense toujours à ma mère et me dis : « Qu’est-ce qu’elle aurait été bien ici.. » En une seconde, je crois qu’elle est vivante et que je pourrais peut-être l’y loger, qu’elle y serait heureuse. Malheureusement, elle m’a fait trop tard et est partie trop tôt. Et puis, quand on est comme moi si peu un homme d’argent on finit par être un homme avec si peu d’argent, donc, pour toutes ces raisons, je n’aurais jamais connu ce luxe rare et qui doit être le + beau des luxes, pouvoir offrir un appartement ou une maison à ses parents (les Beatles ont fait ça). Si un éditeur poche prend « J’aurais voulu être un Beatles », j’y ajouterai un texte là-dessus. Pour ça aussi, « J’aurais voulu être un Beatles ». Cela n’arrivera donc pas, mais pourtant, à chaque fois que mes yeux rencontrent le balcon d’un joli appartement, j’imagine ma mère vivre encore.

#writerslife

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